Gabon, novembre 2024LA DÉCLARATION DE MOUILA de l'Alliance Informelle contre l'Expansion des Plantations IndustriellesNous, membres de l'Alliance Informelle contre l'Expansion des Plantations Industrielles, réunis lors de la 6ᵉ Assemblée Générale, à Mouila, Gabon, du 19 au 22 novembre 2024, représentant des communautés et organisations du Gabon, du Nigeria, du Cameroun, de la Sierra Leone, du Congo-Brazzaville, du Liberia, du Ghana, de la RDC, de la Côte d’Ivoire et de l’Ouganda, réaffirmons notre engagement dans la lutte contre l’accaparement des terres, en particulier par les entreprises de plantations d’arbres. NOUS ADOPTONS cette Déclaration qui exprime notre conviction sur l'importance vitale de la reconnaissance et du retour aux droits fonciers communautaires ancestraux en Afrique, pour le bien-être des premiers occupants.NOUS RECONNAISSONS QUE :Les terres ancestrales abritent des communautés avec des cultures traditionnelles et des savoirs uniques sur la nature ;Les femmes jouent un rôle crucial dans la défense de leurs terres et forêts ancestrales ;Les terres communautaires ancestrales en Afrique ont une valeur intrinsèque et méritent respect, indépendamment de leur utilité pour les habitants ou l’humanité en général ;La richesse naturelle, les droits et la liberté liés à ces terres sont aujourd’hui gravement menacés à un rythme effréné par des politiques de développement nuisibles héritées de la colonisation ;Les territoires communautaires ancestraux occupés illégalement sous les régimes coloniaux et postcoloniaux, concédés à des entreprises pour le développement économique, violent les droits des peuples et constituent des crimes graves contre l’humanité. Une illégalité reste une illégalité, peu importe l’époque où elle a été commise.NOUS RECONNAISSONS ÉGALEMENT QUE :Les gouvernements postcoloniaux ont failli à leur responsabilité de garantir une véritable indépendance aux communautés en privilégiant les intérêts coloniaux, par l’intermédiaire d’agents étrangers, en promulguant des lois néo-communautaires pour déloger et voler les terres ancestrales des communautés, en utilisant des notions opaques de propriété foncière nationale ou étatique ;Les actes insensés d’accaparement des terres ancestrales concédées à des entreprises, ont entraîné des souffrances indescriptibles, des violences et des dommages irréparables tels que des pertes de vies, une érosion de la biodiversité, un appauvrissement des communautés, des grossesses précoces et des violences fondées sur le genre, entre autres ;Les pays africains ayant obtenu leur indépendance dans les années 1960 et 1970 considèrent aujourd’hui les communautés comme relevant de l’État et accordent des concessions à des entreprises sans le consentement libre, préalable et informé des véritables propriétaires des terres ancestrales.NOUS NOUS ENGAGEONS À :Promouvoir et défendre les pratiques agroécologiques et la souveraineté alimentaire comme formes de résistance ;Faciliter la création d’un réseau efficace et efficient de communautés, d’activistes et d’ONG coopérant aux niveaux local et international, pour comprendre les stratégies des entreprises visant à s’approprier les terres ancestrales, et pour développer des tactiques aidant les communautés à stopper l’accaparement et à récupérer les terres illégalement occupées, conformément aux objectifs de l’Alliance ;Mettre en place des mécanismes permettant à tous les secteurs de la société, notamment les populations locales de longue date, d’entamer pacifiquement un processus de revendication de leurs droits ancestraux sur les terres, souvent considérées par certains gouvernements en tant que terres nationales ou étatiques, et de participer à la planification et à la mise en œuvre d’initiatives valorisant les terres ancestrales ;Renforcer l’éducation à la résistance non violente et fournir des formations pour améliorer la capacité des communautés à affronter les gouvernements et entreprises souhaitant s’emparer de leurs territoires ;Plaider auprès des autorités pour offrir à la jeunesse un accès aux terres rurales, faciliter sa formation et l’accompagner.Reconnaissant que la protection des richesses vivantes et de la beauté des terres ancestrales dépend de l’engagement total des populations locales concernées, NOUS NOUS ENGAGEONS à mettre en œuvre les dispositions de cette Déclaration.Soulignant que la reconnaissance des terres ancestrales est essentielle pour soutenir la société humaine et conserver notre planète, NOUS INVITONS LES MEMBRES, AMIES ET AMIS DE L'ALLIANCE à diffuser largement cette Déclaration afin que ses conclusions soient intégrées dans les activités quotidiennes.Signataires :Membres des communautés du GabonMusiru Divag de Fougamou, GabonInstitut d’Agriculture Durable, Comté de Grand Bassa, Clan Jogba, LiberiaWomen’s Network Against Rural Plantations Injustice (WoNARPI), Sierra LeoneAlliance, Chapitre OugandaWitness Radio, OugandaNature CamerounSynaparcam, CamerounCOPACO, RDCRADD, CamerounStruggle to Economize Future Environment (SEFE), Mundemba, CamerounCPPH, Côte d’IvoireCollectif des Ressortissants et Écologistes des Plateaux Batéké, GabonREFEB, Côte d’IvoireYVE GhanaJVE Côte d’IvoireAssociation Gulusenu du village Doubou, GabonMuyissi Environnement, GabonKomolo Agro Farmers Association, Kiryandongo, OugandaNdagize Julius, Afrique de l’Est, OugandaLOOK GREEN, CARE FOUNDATION, NigeriaAssociation les Rassembleurs du Village Mboukou, GabonJoegba United Women Empowerment and Development Organization (JUWEDO), LiberiaCOLLECTIF ADIAKÉ, Côte d’IvoireCNOP, CongoMaloa, Sierra LeoneMouvement Mondial pour les Forêts Tropicales (World Rainforest Movement)GRAINImage: Transnational Palm Oil Labour Solidarity