Un rapport d’enquête produit par GRAIN et le Réseau brésilien pour la justice sociale et les droits humains (“Rede Social”) montre comment le Fonds de dotation de l’Université Harvard a utilisé une structure corporative opaque pour prendre le contrôle d’une superficie de terres agricoles estimée à 850 000 hectares (ha) à travers cinq continents pendant les 10 dernières années. Le rapport détaille la façon dont les transactions foncières agricoles de Harvard sont liées à divers conflits au sujet de la terre et de l’eau, incluant notamment des cas d’accaparement de terres au Brésil. « Nous estimons que le Fonds de dotation de Harvard a dépensé plus d’un milliard de dollars américains dans la dernière décennie pour acquérir des fermes à travers le monde, ce qui représente plus que ce qui a été dépensé par n’importe quel autre dotation ou fonds de pension », indique Devlin Kuyek, chercheur pour GRAIN. « Le Fonds a fait des investissements risqués en faisant preuve, semble-t-il, d’un niveau de diligence faible et ce, dans certaines des zones rurales où sévit le plus de conflits sur la planète, tel qu’en Afrique du Sud ou dans le nord-est du Brésil. » Les investissements fonciers agricoles de Harvard sont réalisés par l’entremise d’un réseau opaque de filiales, enregistrées dans divers territoires ou États, tels que les paradis fiscaux de l’État du Delaware ou les Îles Caïmans. GRAIN et Rede Social ont passé au peigne fin les déclarations de revenus de certaines des plus importantes filiales du Fonds pour dessiner un portrait global des achats de terres agricoles de Harvard à travers le monde, et ont ensuite vérifié l’impact qu’ont eu certaines de ces transactions sur les communautés locales. « Nous avons constaté l’existence de fermes achetées par Harvard couvrant près de 300 000 ha de terres dans le Cerrado du Brésil, la savane la plus riche en biodiversité du monde », mentionne Daniela Stefano, chercheuse chez Rede Social. « Nos recherches sur ces transactions montrent que Harvard contribue à l’accaparement des terres, à la dégradation de l’environnement et à la destruction des sources d’eau pour les communautés locales. » Les transactions foncières agricoles au Brésil de Harvard se concentrent dans le nord-est du pays, à l’endroit où les terres utilisées traditionnellement par les communautés locales sont accaparées par les sociétés agroalimentaires à un rythme alarmant pour en faire des productions de cultures commerciales à grande échelle, comme c’est le cas avec le soja et la canne à sucre. « Nous avons trouvé plusieurs cas où Harvard a acheté des terres de groupes commerciaux brésiliens dont les titres de propriété n’étaient pas valides », mentionne Stefano. « Dans certains cas, les communautés locales ont été intimidées pour les pousser à quitter les terres. Dans d’autres cas, Harvard aurait dû être au fait de l’existence de différents juridiques concernant les terres qui perduraient déjà depuis longtemps. » Les acquisitions foncières agricoles risquées de Harvard ont donné lieu à des rémunérations de plusieurs millions de dollars pour les gestionnaires du Fonds et les partenaires commerciaux. Elles ont toutefois engendré de piètres retours sur investissements ainsi que des pertes pour le Fonds de dotation. L’année dernière, suite à la réévaluation de la valeur de ses investissements dans le bois et les terres agricoles, le Fonds de dotation de l’Université a décidé de dévaluer de 1,1 milliard de dollars son portefeuille de ressources naturelles. « Les transactions foncières agricoles de Harvard devraient servir de mise en garde pour les investisseurs institutionnels qui considèrent actuellement la possibilité de se lancer dans ce secteur », indique Kuyek. « Les risques pris par les gestionnaires du Fonds de Harvard ont laissé l’Université aux prises avec un legs de conflits liés à la terre et l’eau. » GRAIN et le Réseau pour la justice sociale et les droits humains exhortent les étudiants, le personnel enseignant et les anciens étudiants de Harvard d’exiger que le Fonds de dotation de l’Université cesse d’investir dans les terres agricoles et qu’il prenne des mesures immédiates pour résoudre tous les conflits liés à ses propriétés foncières. L’Université doit s’assurer que les communautés touchées par ses transactions foncières soient adéquatement indemnisées pour les dommages subis. --- Téléchargez le rapport (disponible en français, anglais, portugais et espagnol) ici : https://www.grain.org/e/6014 Relations avec les médias : Daniela Stefano, Rede Social de Justiça e Direitos Humanos São Paulo, Brésil [email protected] + 55 11 949075921 www.social.org.br Devlin Kuyek, GRAIN Montréal, Canada [email protected] +1-514-571-7702 www.grain.org