GRAIN, l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) et des organisations partenaires d’Éthiopie, du Mali, d’Ouganda, du Sénégal de Zambie et du Zimbabwe publient aujourd’hui le travail de recherche et d’analyse qu’ils ont mené ensemble sur le rôle joué par les petits producteurs dans la sauvegarde de la diversité des semences en Afrique[1]. Le rapport intitulé “Les vrais producteurs de semences : les petits producteurs épargnent, utilisent, partagent et améliorent la diversité semencière des cultures qui nourrissent l’Afrique” présente les enjeux qui entourent les semences, les ressources agricoles, la dégradation de l’environnement et leur impact sur les systèmes semenciers et alimentaires locaux. Il met en avant les systèmes de gestion des semences par les paysans (FMSS) et leur importance sur le continent et montre que les petits producteurs sont les vrais gardiens des semences sur le continent.« … La protection et la préservation des systèmes de gestion de semences par les paysans doit être au cœur des préoccupations de tout gouvernement africain, car toute attaque portée contre notre souveraineté semencière est clairement une menace pour la souveraineté alimentaire de toutes les nations, » a déclaré Andrew Adem (ESAFF Ouganda). Il n’existe pas de modèle unique de FMSS. Ces systèmes varient d’une communauté à l’autre ; ils sont culturellement appropriés, pratiques, coutumiers et inclusifs et produisent des semences biodiversifiées et résilientes sur le plan écologique. Et surtout ils sont fondés sur les valeurs communautaires : la sélection, l’échange et le partage des semences, le partage des connaissances en matière de plantation, de culture, de récolte et de transformation.Il y a beaucoup d'initiatives visant à promouvoir la diversité des semences paysannes, mais le rapport indique également des développements inquiétants. Dans beaucoup de pays africains, les décideurs sont souvent séduits par les belles promesses et la propagande véhiculées par le lobby des multinationales de semences industrielles et d’OGM. Le résultat est que les gouvernements acceptent des accords régionaux sur la propriété intellectuelle, le commerce et les semences qui ne bénéficient qu’aux grandes entreprises et au système des semences industrielles.De plus, les petits producteurs sont de plus en plus vulnérables aux risques environnementaux, mais le lobby des semences industrielles et des grandes plantations est implacable, comme le dit très bien un paysan éthiopien.« Je peux constater que mes amis deviennent dépendants de l’approvisionnement en semences [industrielles] du gouvernement. Ils perdent également leur diversité de semences et sont exposés à différents risques environnementaux, en raison de la faible capacité des semences améliorées à faire face à l’évolution de la situation. ».Pour des millions de petits producteurs africains, la diversité des variétés des semences paysannes est cruciale pour assurer la souveraineté alimentaire et la nutrition ; elle soutient la biodiversité et l’agroécologie et protège les moyens de subsistance dans les zones rurales et périurbaines. Si ces semences sont si « arriérées », qu’est-ce qui pousse les agriculteurs à continuer de les conserver et de les planter ? C’est ce genre de questions que pose le présent rapport pour tenter d’y apporter des réponses.Ce rapport est disponible en anglais et en français : http://www.grain.org/e/6045Contacts pour les médias :AFSA:Million Belay[email protected]GRAIN:Susan Nakacwa[email protected][1] La recherche a été menée en collaboration avec les organisations partenaires suivantes, listées ici par pays : Au Mali : le Centre d’études et de formation pour le développement en Afrique (CEFRORD) ; en Zambie : le Community Technology Development Trust (CTDT) et l’Alliance zambienne pour l'agroécologie et la conservation de la biodiversité (ZAAB) ; au Sénégal : l’Association Sénégalaise des producteurs de semences paysannes (ASPSP) ; en Ouganda : le Forum des petits agriculteurs d'Afrique orientale et australe (ESAFF Ouganda) ; au Zimbabwe : le Forum des petits producteurs biologiques du Zimbabwe (ZIMSOFF) ; et Fassil Gebeyehu Yelemtu (thèse de doctorat) en Éthiopie.