En faisant un retour sur le 1er Sommet africain sur le climat qui s’est tenu en septembre 2023 à Nairobi au Kenya, on peut être tenté d’avoir un bon espoir tellement la mobilisation des mouvements sociaux africains et des paysannes et paysans a été extraordinaire.En effet les paysan·nes, notamment de La Via Campesina au Kenya ont exprimé clairement le refus des fausses solutions que le système capitaliste climatique n’arrête pas de nous imposer face à la crise climatique.Des solutions qui, à l’heure où on va vers la 2e semaine des négociations climatiques de la COP 28 de Dubaï, censée faire le « Bilan mondial de l’Accord de Paris », résistent et ne souhaitent pas disparaitre de l’agenda climatique. Présentées de plus en plus comme étant des « Solutions fondées sur la Nature » par les gros pollueurs et les « Exxon de l’agriculture »’ afin d’être des « attrape-nigauds » et continuer ainsi la destruction de nos écosystèmes. Pourtant il n’y a plus rien à dire sur le fait que ces « solutions » ne pourront pas réduire radicalement les émissions.Tout le monde dit aujourd’hui que l’Afrique est le lieu où se trouvent les solutions à la crise climatique. Les forêts, les terres, les paysages et autres ressources sont ainsi ciblées par de multiples accapareurs pour le profit et le confort du capitalisme. Ces solutions capitalistes sont pourtant des fausses solutions contre la crise climatique. Revoyons ensemble le Top 5 des dernières en la matière :1. L’échange dette-nature Un échange dette-nature est une transaction financière dans laquelle une partie de la dette extérieure d’un pays en développement est échangée contre des investissements locaux dans des mesures de protection de l’environnement.Au Gabon les populations continuent de ne pas comprendre le deal qui a été scellé pour faire entrer leurs forêts et autres ressources naturelles dans un concept aussi flou, encouragé par certaines institutions financières internationales comme la BAD. L’échange dette-nature qui a été conclu et qui va mettre la biodiversité du Gabon dans des mécanismes financiers complexes et incertains continue de susciter l’indignation de la société civile et des communautés dépendantes des forêts.2. L’agriculture carboneCette solution avancée pour « garder le carbone dans le sol » afin d’éviter qu’il rejoigne l’atmosphère est la favorite des industriels de l’agriculture comme Bayer, Syngenta et Yara. Au Niger par exemple, c’est ce qui est proposé par la multinationale African Agriculture Inc, entreprise basée aux Etats-Unis qui auparavant sous le nom « Les Fermes de la Teranga » au Sénégal avait mis la main sur des terres agricoles. Ainsi au Niger 2 000 000 d’hectares, au Sénégal environ 20 000 hectares et en Mauritanie 400 000 hectares seront destinés à la production de crédits carbone.3. L’hydrogène vert Voilà une autre trouvaille de ces derniers mois qui est présentée comme « l’arme fatale » censée résoudre tous nos problèmes climatiques. Qualifié de nouvelle opportunité ou d’alternative, l’hydrogène vert serait la technologie qui va réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Aussi cette alternative soi-disant verte - dont la question de la « dépendance » n’est pas abordée, ni son coût sur la santé humaine, ni finalement son contrôle par les industriels de ce secteur –,est la nouvelle attraction vers laquelle une nouvelle ruée est organisée.4. L’agriculture intelligente L’agriculture intelligente que les promoteurs des fausses solutions veulent faire passer pour l’agroécologie n’est ni plus ni moins qu’une anarque encouragée par les agro-industriels afin de continuer à capter d’énormes parts de marché en vendant avec « précision » et « intelligence » les engrais chimiques et autres produits de la « révolution » dite verte prônée par AGRA et d’autres comme Monsanto. Cette solution, qui n’est ni intelligente, ni « verte » et qui se trouve contrôlée par les gros industriels de l’alimentation, doit disparaitre de toute urgence et laisser les petits paysans et paysannes mettre en œuvre leurs savoirs qui contribuent énormément déjà à prendre soin du climat et de la biodiversité.5. Zéro émission netteLe concept de « zéro émission nette », qui continue même d’être difficilement explicable par ses plus grands supporteurs dans l’espace climatique, n’arrête pas de questionner non seulement sur sa crédibilité mais aussi sur son efficacité. Après différents calculs pour véritablement être « net » et sa principale cible pour « absorber » les émissions qui sont les arbres et nos forêts, il contribue fortement à décrédibiliser le marché carbone déjà de plus en plus controversé depuis le début de sa mise en place.Organiser tous un commerce lucratif autour de la pire crise écologique de notre temps a été la plus grave « trahison » à la terre-mère.La vraie solution : la souveraineté alimentairePour nous il n’y a que la recherche et la conquête de la souveraineté alimentaire qui est capable de lutter contre les solutions capitalistes proposées par le marché du carbone et stopper la crise climatique un tant soit peu. Cet engagement courageux vers la souveraineté alimentaire passe par un choix de redonner le pouvoir aux paysans et paysannes qui pratiquent une agriculture qui met en avant leurs autonomies dans les territoires et garantit la bonne santé des plantes et des animaux, sans oublier celle des humains. Cette souveraineté préserve du piège des technologies dont on ne connait pas l’issue et qui risque de s’aggraver encore avec l’arrivée de l’intelligence artificielle.