La politique des maladies animales émergentes dans le monde GRAIN En 2005-2006 a éclaté en Chine une mystérieuse maladie porcine : Dans la province Jiangxi au Sud-Est du pays, les porcs ont commencé à mourir d’une forte fièvre. Cette fièvre a progressé rapidement au sein des élevages et d’un élevage à l’autre, et rien ne semblait pouvoir la maîtriser. En l’espace d’une année, le tueur inconnu s’était propagé dans dix provinces, faisant disparaître un nombre de porcs estimé à 400 000. De nouvelles flambées ont eu lieu en 2007, tandis que la maladie s’étendait à quinze autres provinces, semant la dévastation et tuant des centaines de milliers de porcs supplémentaires. Avec ces morts en masse, les prix de la viande de porc chinois ont atteint des niveaux records, causant de gros problèmes chez les consommateurs et de graves inquiétudes au gouvernement chinois et à l’industrie agroalimentaire mondiale sur les effets que pourrait avoir une telle inflation sur la stabilité politique du pays. « Cette maladie est comme un vent qui est arrivé brutalement et a soufflé de village en village», explique Ding Shurong, un paysan de 45 ans de la province de Sichuan qui a perdu les deux-tiers de ses porcs. « Je n’ai jamais rien vu de tel. Il n’y a pas une famille qui n’ait pas été touchée. » [2] Une très mauvaise nouvelle La plupart des experts soupçonnaient qu’il s’agissait du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (PRRS ou SDRP en français), parce qu’une grande partie des porcs malades manifestaient un symptôme révélateur : les oreilles bleues. Mais le SDRP, autant qu’on s’en souvienne, n’avait jamais été aussi létal. Des tests génétiques menés ensuite par des chercheurs chinois ont confirmé qu’il s’agissait effectivement du SDRP, probablement d’une nouvelle forme hautement virulente qui avait émergé et pris son essor au sein des élevages industriels de porc qui sont en pleine expansion en Chine. [3] Le SDRP n’est pas une nouvelle maladie. Comme beaucoup d’autres maladies qui sont devenues un véritable fléau pour l’industrie mondiale de la viande, le SDRP n’a jamais posé de problème tant qu’il est resté dans la nature. Il n’est devenu une menace que depuis qu’il s’est introduit dans les grand élevages industriels américains et européens dans les années 1980. Les espèces uniformes et à haut rendement qui sont utilisées dans ces élevages se sont avérées extrêmement sensibles au SDRP et les méthodes appliquées habituellement pour contrôler d’autres maladies (telles les systèmes en bande « all-in all-out ») se sont révélées incapables de contenir ce virus. [4] Les vaccins ont été également inefficaces en raison de la rapidité de mutation de cette maladie. En fait, beaucoup pensent que l’emploi de vaccins vivants est lié à l’émergence de formes encore plus virulentes de la maladie et a peut-être même joué un rôle dans l’émergence en Chine de la nouvelle souche. [5] La situation a tellement empiré aux Etats-Unis qu’on estime maintenant qu’à cause du SDRP, l’industrie du porc enregistre des pertes de 600 millions de dollars US par an. [6] « L’accélération du commerce international va se poursuivre, de même que le changement climatique, et leur impact sur les écosystèmes provoque déjà la propagation de maladies à vecteur dans des régions jusqu’alors indemnes… Certains insectes servent ainsi de vecteurs de transmission de la fièvre de la vallée du Rift, du virus de la langue bleue et de la fièvre de West Nile. Mais l’expansion d’autres épizooties, telles la fièvre aphteuse et la fièvre porcine africaine ou encore la grippe aviaire, sont autant d’exemples liés à l’intensification des systèmes de production et à l’extention des mouvements commerciaux. » Jacques Diouf, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le 4 décembre 2007 [1] Une fois le SDRP infiltré dans l’industrie porcine, il s’est rapidement propagé en Amérique du Nord et en Europe, puis dans les autres pays qui adoptaient le même modèle industriel d’élevage. La transmission s’est faite par l’importation de techniques de génétique pour obtenir des porcs à haut rendement, par l’intermédiaire des géniteurs ou du sperme destiné à l’insémination artificielle. Le virus a pénétré en Espagne en 1991, grâce à des importations de porcs en croissance, est arrivé au Danemark en 1996 par l’intermédiaire d’un centre d’insémination artificielle et a atteint la Colombie par des importations de porcelets. La maladie s’est répandue dans les années 80 et 90 dans les principaux pays asiatiques producteurs de porcs, utilisant probablement les mêmes vecteurs d’introduction. Des études rétrospectives de sérum de porcs importés par exemple au Japon où le SDRP est aujourd’hui très répandu, montrent qu’au moins 15% des animaux testés étaient infectés.[7] Le variant du SDRP qui sévit maintenant en Chine semble particulièrement mortel. Il est déjà passé au Vietnam et peut-être au Myanmar et les experts craignent qu’il ne se propage désormais bien au-delà des frontières de la Chine. « Partout où se trouvent des virus SDRP ou des combinaisons uniques d’agents pathogènes connus, l’industrie porcine mondiale peut se faire du souci », déclare Kent Schwartz, clinicien à l’Université d’état d’Iowa et ajoute : « Il n’y a plus de frontières qui soient sûres ». [8] Le SDRP prend donc de plus en plus d’importance dans la liste prioritaire des maladies animales mortelles émergentes que la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (l’OIE) appellent « transfrontalières ». Mais la liste est longue et s’allonge sans cesse et beaucoup de ces menaces nouvelles sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elle peuvent se transmettre entre animaux et humains. Parmi celles-ci, on trouve le syndrome respiratoire aigu (SARS ou SRAS en français) et la grippe aviaire. Aujourd’hui, on estime que sur quatre maladies émergentes affectant les populations humaines, trois sont transmises par les animaux. [9] Les maladies changent De la même façon que le monde est actuellement soumis au changement climatique, il est également en train de subir une transformation majeure des maladies. Ici encore, les actes de l’homme sont au centre du problème. En effet, ce sont les forces responsables du changement climatique qui sont aussi à la source du changement global des maladies. Selon la FAO, « les flambées de maladie animale provoquant des situations d’urgence dans le monde sont liées à l’accroissement de la mobilité des personnes, des biens , des animaux d’élevage » (en d’autres termes, la mondialisation), « aux changements dans les sytèmes d’élevage » (c.-à-d. plus d’élevages industriels) « et à la réduction de nombreux services de santé animale (c.-à-d. la privatisation et la dérégulation néo-libérales). [10] On peut parler ici de problèmes fondamentalement liés au système. A travers le monde, la structure même de l’élevage et de l’industrie de la viande - compte-tenu de la grande concentration des surfaces de production et de l’extension des exportations de viande et d’animaux - crée les conditions mêmes qui permettent à la maladie de se propager sur de grandes distances et rapidement. Ainsi en 2005, plus de 25 millions de porcs vivants ont été exportés dans le monde, sans compter tous ceux qui passent les frontières en contrebande. Dans le même temps, l’envergure des installations et l’uniformité génétique des animaux constituent un foyer parfait pour l’évolution et l’amplification de souches hautement pathogènes, qui entraînent parfois des conséquences mortelles pour les humains. [11] Les principaux tueurs, comme la grippe aviaire, le virus Nipah et même le SRAS sont tous passés par ce genre d’élevage industriel intensif. [12] La crise mondiale que provoquent actuellement les maladies animales est réellement le résultat de l’expansion et de l’adoption sur plusieurs décennies des modèles européen et nord-américain d’élevage industriel. L’uniformité de ces modèles en termes de génétique et de systèmes de production fait que les animaux ne sont pas du tout adaptés à l’environnement local et sont par conséquent sensibles aux maladies locales. Les producteurs ont essayé de contrer cette faiblesse en construisant des étables toujours plus hermétiques, pour tenter d’empêcher l’introduction d’agents pathogènes, et en injectant aux animaux toutes sortes de vaccins et d’antibiotiques. Au niveau international, les gouvernements resserrent le contrôle aux frontières et réclament une amélioration de la surveillance et du signalement des maladies dans les pays étrangers. Cependant, qu’il s’agisse des bailleurs de fonds internationaux et des ONG ou des programmes de projets agricoles sous contrat de l’agrobusiness, la tendance se poursuit : l’industrialisation de l’élevage ressemble de plus en plus à une « révolution de l’élevage », similaire à la révolution verte qu’on a connue pour les récoltes. [13] Toutefois, la « révolution de l’élevage » mène rapidement la plupart des paysans au désastre, surtout dans les pays pauvres. Ces pays n’ont pas les moyens de mener de programmes vétérinaires nationaux sérieux et la biosécurité et les médicaments brevetés déployés et subventionnés dans les pays du Nord sont complètement inaccessibles aux paysans. De surcroît, beaucoup de pays connaissent des maladies endémiques, comme la fièvre aphteuse (FMD) en Afrique. Celles-ci ont beau ne pas causer de forte mortalité dans les pratiques de production locales, elles n’en sont pas moins étroitement surveillées sur les marchés internationaux, ce qui empêche ces pays d’atteindre les marchés à l’exportation qu’on leur a fait miroiter. Les efforts intenses déployés par la FAO, l’OIE, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque mondiale et certains de leurs équivalents nationaux pour tenter de contrôler ces maladies transfrontalières émergentes ne parviennent pas à changer cette triste réalité. L’accent est mis sur la surveillance, c’est-à-dire essayer de savoir où se trouve la maladie et sur le contrôle, c’est-à-dire essayer d’éliminer la maladie quand elle survient. Mis à part les quelques campagnes de vaccination de masse et des programmes éducatifs occasionnels, les paysans reçoivent très peu d’aide pour répondre aux flambées toujours plus fréquentes de maladies…provoquées par les systèmes d’élevage que promeuvent experts et partenaires de ces même agences. La façon dont se sont déroulés les derniers épisodes de grippe aviaire au Bangladesh est tout à fait typique. Le Bangladesh est considéré comme une réussite dans l’histoire de la « révolution de l’élevage » : il a converti près de la moitié de sa production nationale de volaille d’une pratique d’élevage de basse-cour à des installations industrielles intensives ou semi-intensives. L’ONG de micro-crédit, le Comité bangladais pour le progrès rural (BRAC), a joué un rôle indéniable dans cette transition, en finançant des groupes de femmes pauvres pour qu’elles mettent en place des milliers de mini-élevages industriels. Ce faisant, le BRAC est devenu une grande entreprise de transformation de volailles verticalement intégrée : il possède ses propres couvoirs à large échelle, ses élevages de volailles et ses usines d’alimentation animale qui fournissent les installations plus petites. L’ONG devenue entreprise a également joué un rôle central dans les activités nationales de préparation destinées à faire face à la grippe aviaire et soutenues par la Banque mondiale. En 2005, le gouvernement a demandé au BRAC de surveiller les « points chauds » du pays où se rassemblent les oiseaux migrateurs et de convertir les couvoirs de plein air en installations fermées et sécurisées. Mais tout cela n’a pas suffi à arrêter la première flambée de grippe aviaire de mars 2007, qui s’est déclarée dans un élevage de volailles complètement fermé, et l’un des plus gros élevages de poulets et couvoirs du pays. [14] A partir de là, le virus s’est rapidement propagé dans les élevages moyens « de type BRAC » et dans d’autres exploitations de grande taille. Les petits exploitants, dont beaucoup s’étaient fortement endettés pour payer leurs installations modernes et leurs intrants, ont été les plus touchés. Les Rahman, un frère et sa sœur qui exploitaient un élevage de volailles semi-intensif nouvellement installé dans la région où s’est déclenchée l’épidémie, ont perdu leurs 3 000 poulets à cause de la grippe aviaire, avant même d’avoir pu payer le premier versement de leur prêt bancaire. Une autre ferme, exploitée par Bibi Ayesha Women Training and Production (un groupe de femmes bangladaises) a finalement reçu une compensation, mais les 70Takas par poule étaient loin de couvrir les 263Takas que chaque poule (des poules pondeuses importées du Canada) avait coûté à l’achat. [15] Nombre de fermes qui n’étaient pas touchées par l’infection ont dû faire face à un marché de la volaille qui s’écroulait et ont donc fait faillite. Quant au BRAC, il s’est plaint d’une « crise de reprise » causée par la faillite de ses clients, mais il a quelques mois plus tard signé un contrat lucratif avec la Société financière internationale (IFC) de la Banque mondiale pour « lutter contre la grippe aviaire » en aidant les paysans à « améliorer leurs pratiques d’élevage ».[16] La mauvaise foi des grandes entreprises Ce qui apparaît de plus en plus clairement dans la réponse officielle à la crise croissante des maladies animales, ne serait-ce qu’en filigrane, c’est que la production à petite échelle n’est pas à l’ordre du jour. L’élevage traditionnel est en général considéré comme une nuisance, comme un obstacle qui gêne les stratégies officielles de contrôle des maladies. « La nature même de l’élevage porcin en pâturage ouvert et non confiné [rend] très difficile l’application effective des mesures de contrôle », déplore la FAO à propos d’une récente épidémie de grippe porcine africaine en Géorgie, comme si des mesures de contrôle qui ne conviennent pas à des systèmes de pâturage ouvert pouvaient être efficaces dans un pays comme la Géorgie, où ils sont le modèle d’élevage dominant. [17] Dans certains cas, les installations de petite taille sont tout simplement ignorées par la réponse officielle aux épidémies. La réponse principale du gouvernement chinois aux épidémies de SDRP en 2006 et 2007 s’est limitée à une promesse de 854 millions de dollars US pour couvrir 80% des primes d’assurances sur les porcs. Ce qui était une bonne nouvelle pour les gros éleveurs n’avait plus aucun sens pour la grande majorité des paysans qui ne peuvent pas se permettre une assurance santé pour leur famille, et encore moins pour leurs cochons. Seuls 21 millions de porcs sont assurés en Chine sur un total de 500 millions de bêtes dans le pays [18], mais on peut s’attendre à ce que la proportion de cochons assurés augmente.[19] En conclusion, peu de choses sont effectivement faites pour éliminer le SDRP des grands systèmes de production ou pour soutenir les systèmes locaux et autosuffisants d’élevage porcin. On peut donc présumer que la maladie continuera à semer périodiquement le désastre dans les petites fermes chinoises dans les années à venir. La situation est la même au Vietnam. Il y a quelques années, une équipe de scientifiques a lancé un avertissement : le SDRP était endémique dans les grands élevages d’état et affectait les villages par l’intermédiaire de la distribution de porcelets. Les chercheurs ont recommandé qu’on arrête les mouvements d’animaux des grands élevages vers les villages. [20] Dans les années qui ont suivi, c’est exactement le contraire qui s’est produit : Le Vietnam est devenu une destination majeure pour l’industrie de la génétique porcine en plein essor, et le SDRP a proliféré. Quelquefois, c’est la réponse officielle à la maladie, plus que la maladie en soi, qui sape les formes d’élevage traditionnel à petite échelle, ceci délibérément ou par ignorance des pratiques d’élevage et des traditions alimentaires locales. Quand s’est déclenchée la fièvre porcine africaine en Géorgie en mai 2007 – la toute première fois qu’on rencontrait cette maladie dans le Caucase – les experts vétérinaires de la FAO, l’Union européenne et les gouvernements américain et suisse ont débarqué, évaluant la situation en quelques jours et proposant une pléthore de recommandations pour le contrôle immédiat et le contrôle à long-terme de la maladie. Un élément était commun à tous leurs rapports : il fallait de toute urgence mettre fin à l’élevage porcin en plein air. « Il faut garder les porcs de basse-cour sous couvert et totalement confinés en permanence », avertissait la FAO. Les Suisses suggéraient même de punir les paysans dont les porcs n’était pas confinés, en ne payant de compensation qu’aux paysans qui pouvaient prouver que leurs porcs étaient confinés, même si les épidémies n’avaient pas épargné les quelques gros élevages fermés de Géorgie, qui n’avaient pourtant aucun contact avec d’autres porcs ou d’autres animaux. [21] Ils recommandaient aussi au gouvernement géorgien d’utiliser comme compensation pour les paysans des « porcelets de repeuplement » plutôt que de l’argent. Ceci faisait partie d’un plan à long terme destiné à améliorer la production porcine, assurer le confinement des cochons, interdire les cochons en liberté et permettre un enregistrement de tous les animaux. [22] Et tout cela pour une fausse épidémie, qui, selon les experts internationaux dépêchés sur la scène, provenait simplement de ce qu’on n’avait pas réussi à se débarrasser de façon correcte de déchets contaminés amenés par des navires internationaux. [23] Si ces recommandations devaient être appliquées, la plupart des paysans géorgiens seraient obligés d’abandonner l’élevage porcin. Les recommandations non seulement vont à l’encontre de générations de saines pratiques d’élevage porcin mais elles font fi de la nécessité de préserver l’incroyable diversité des espèce de cochons de ce pays. En Géorgie, de nombreux cochons vivent en liberté et ne sont absolument pas adaptés au confinement. Le porc de Kakheti par exemple, l’une des espèces les plus anciennes au monde et célèbre pour la qualité de sa viande, est élevé de façon semi-nomade dans les zones de montagne de l’Est géorgien, non loin de l’une des zones où a éclaté la fièvre porcine africaine (ASF). Quand elles sont pleines, les femelles vont quelquefois seules dans la forêt pour mettre bas et rejoignent ensuite le troupeau. L’immunité diplomatique Au centre du projet pour l’avenir de la gestion des maladies, se trouve un nouveau concept qui s’appelle « compartimentation » et qui commence seulement à prendre forme. Mais il est très clair qu’il va s’avérer extrêmement destructeur pour les paysans locaux. Selon l’OIE, un compartiment est une « sous-population animale qui relève de pratiques de gestion reposant sur la biosécurité ». En tant qu’opération « épidémiologiquement cloisonnée», il jouit d’un statut spécial – « un statut sanitaire distinct » - reconnu par des accords avec les pays importateurs. [24] Quand une maladie qui provoque habituellement des sanctions se déclenche dans un pays, un compartiment a le droit de continuer à fonctionner et à exporter comme si de rien n’était. C’est en quelque sorte une zone d’exportation spéciale, mais pour la viande. Cette « compartimentation » fait déjà partie de certains accords commerciaux bilatéraux et dans divers pays, elle est devenu le point central de la réponse officielle aux épisodes de maladies transfrontalières. C’est en partie en réponse aux épidémies de virus Nipah il y a presque dix ans, que la Malaisie est en train de concentrer toute la production porcine du pays dans quelques grandes zones d’élevage porcin, où la plus grosse partie de la production sera aux mains de grandes entreprises. Le Vietnam crée de vastes zones destinées à la production de volailles à la fois pour l’exportation et l’approvisionnement du nombre croissant de supermarchés dans le pays. Les nouvelles zones sont la pièce maîtresse du plan gouvernemental qui veut d’ici 2015 faire passer la proportion des grands éleveurs industriels de volailles de 18 à 48%, tandis que la part des petits exploitants tomberait de 52 à 22%. [25] Il n’est pas très difficile de comprendre l’objectif : Inévitablement les ressources nationales dédiées aux programmes vétérinaires cibleront ces compartiments ; les gouvernements, eux, mettront toute leur énergie à maintenir les filières commerciales ouvertes et à s’assurer que les investissements de l’agrobusiness continuent à affluer. Pendant ce temps, les petits éleveurs qui n’opèrent pas dans ce cadre seront considérés comme des menaces, des réservoirs potentiels de maladie qu’il faut constamment surveiller et soumettre à des règlements .[26] « Voir grand » : les pièges Il n’y a aucune raison de penser que cette approche globale de la maladie peut sécuriser les pratiques d’élevage. L’«épidémiologiquement cloisonné » n’est qu’un concept qui n’a pas de réalité pratique. Des flambées de maladie éclatent sans arrêt dans ces installations supposées satisfaire aux règles de la biosécurité et rien ne permet de supposer que la situation va changer. Au contraire, les évolutions observées dans l’industrie montrent qu’en matière de sécurité – que ce soit pour les animaux, les travailleurs, le public ou l’environnement - les bénéfices à court terme prennent de plus en plus le pas sur les bénéfices à long terme. Prenons ici l’exemple de Smithfield, le plus grand producteur de porc mondial. L’entreprise a récemment établi 33 grands élevages porcins en Roumanie, pour en faire une base de production à bas coûts pour le marché européen. C’est de fait un parfait exemple de « compartiment ». « D’un point de vue politique, c’est acceptable, car nous avons en Europe de l’Ouest des gens qui gagnent 20 euros de l’heure tandis qu’en Europe de l’Est, les salaires horaires sont de un ou deux euros », a expliqué Larry Pope, le président et directeur général de Smithfield Foods à un meeting en 2006. « En Europe de l’Ouest, les usines coûtent très cher. En Europe de l’Est, les usines, on vous les donne pour quelques dollars. » [27] L’entrée de Smithfield en Roumanie a rencontré une très forte résistance locale, ce qui est peu surprenant, compte tenu de la réputation internationale méritée de l’entreprise : pollution, écrasement des syndicats, conditions de travail draconiennes. [28] Mais la conjugaison d’un lobbying puissant et d’une campagne de relations publiques bien agencée a fini par convaincre les hommes politiques d’ouvrir les portes de leur pays. « Smithfield, déclare M. Pope d’un ton rassurant, est bien connu aux Etats-Unis pour son soutien aux communautés où sont installés ses usines et ses élevages. Nous souhaitons amener une partie de notre culture en Roumanie, où nous espérons que notre entreprise apportera sa contribution citoyenne aux communautés locales roumaines. » Moins d’un an plus tard cependant, en juillet 2007, juste après le programme de vaccination de masse qui avait coûté 60 millions de dollars au gouvernement américain et qui semblait avoir définitivement mis fin aux flambées de grippe porcine classique et réouvert les portes du marché européen, les porcs d’une des fermes de Smithfield se sont mis à mourir. Les gens qui vivent aux alentours de cet élevage de Smithfield de Cenei parlaient de centaines de charognes de porcs laissées à pourrir pendant plusieurs jours à même le sol. « On ne pouvait plus respirer », raconte Gheorghe Olarov, employé à la mairie. J’habite à un kilomètre de la ferme, et la nuit, je devais fermer les fenêtres pour pouvoir dormir. Les Américains ont fait de notre village un véritable foyer d’infection. » L’entreprise a accusé la vague de chaleur estivale et bloqué toute investigation des autorités locales : « Nos médecins n’ont pas eu accès aux fermes de la [société] américaine pour pouvoir effectuer leurs inspections de routine », a déclaré Csaba Daroczi, directeur-adjoint des services vétérinaires et d’hygiène de Timisoara. « Chaque fois qu’ils ont essayé, ils ont été repoussés par les gardiens. Smithfield propose que nous signions un accord qui nous obligerait à les prévenir trois jours à l’avance avant toute inspection. » Encadré : Disparition et renaissance du porc créole en Haïti Pendant des siècles, le proc créole a servi en quelque sorte de tirelire aux paysans haïtiens. Ce petit cochon noir très robuste se nourrissait de restes et était bien adapté à un environnement difficile. Il était bien connu pour ne jamais tomber malade. Quand une famille avait besoin d’un peu d’argent pour un mariage, un enterrement ou une urgence médicale, on tuait le cochon. Du fait de sa résilience et de son caractère pugnace, le cochon devint le symbole de la résistance du peuple haïtien au cours de sa longue et violente histoire. Le cochon faisait même partie des cérémonies vaudou. Dans les années 1970, l’arrivée du virus de la grippe porcine africaine amena le désastre. Le virus, semble t-il, était d’abord apparu sur l’île voisine de Cuba, où beaucoup sont convaincus qu’il a été introduit par des terroristes anti-Castro soutenus par la CIA.(1) En 1971, les autorités cubaines durent abattre un demi million de porcs, pour éviter que l’épidémie ne se propage dans toute la nation. La maladie s’est d’abord étendue à la République dominicaine puis à Haïti (les deux nations partagent l’île d’Hispaniola). Selon des sources américaines, la grippe porcine africaine avait infecté près d’un tiers de la population porcine haïtienne en 1982. Sous la pression de Washington, le gouvernement haïtien ordonna le massacre de tous les porcs haïtiens. En moins d’un an, tous les porcs indigènes furent abattus. Cette décision porta un coup terrible à une population paysanne déjà très appauvrie. Beaucoup de familles ne pouvaient même plus se permettre de laisser leurs enfants à l’école. D’autres durent vendre leurs terres ou les hypothéquer. Forcées d’abattre leurs arbres pour approvisionner l’industrie du charbon de bois, les familles ont encore contribué à aggraver la désertification du pays. Pour remplacer les robustes espèces haïtiennes, le gouvernement importa de nouvelles espèces de porcs blancs et gras du Midwest américain. Quoique considérés comme « meilleurs » que les créoles, les porcs importés ont besoin d’eau potable pour boire (alors que les quatre-cinquièmes de la population haïtienne n’ont même pas accès à l’eau potable), d’une alimentation importée (dont le coût se montait à 90 dollars US par an, quand le revenu annuel par tête d’habitant était d’environ 130 dollars), de vaccinations et de porcheries. Il ne faut donc pas s’étonner que le programme de repopulation ait été un échec. Toutefois, contrairement à toute attente, certains des porcs importés ont réussi à s’adapter aux conditions locales et on peut encore les voir aujourd’hui dans les rues de Port au Prince, au milieu des piles de détritus et masquant leur peau blanche sous des couches de crasse, pour se protéger du soleil. Au milieu des années 80, des agronomes français ont introduit deux espèces résistantes : des sino-gascons et des Guadeloupe, similaires au porcs haïtiens. En 1988, les Français ont commencé à distribuer des porcelets noirs aux paysans haïtiens ravis.(2) En 1992, près de la moitié du chiffre estimé de 650 000 cochons vivant dans les fermes haïtiennes descendaient de ces espèces. (1) « CIA Link to Cuban Virus Reported”, San Francisco Chronicle, 10 January 1977 (2) “Saving Haiti’s Bacon”, New Scientist, 17 July 1993 Finalement, le 3 août, Smithfield a annoncé que la fièvre porcine classique était dans ses fermes. L’entreprise a immédiatement voulu minimiser l’ampleur de la crise. « Nous n’avons rien à dire à la presse », a affirmé Mircea Cotosman, le directeur roumain de Smithdfield. « La peste porcine est sous contrôle. Les journalistes peuvent publier nos communiqués, c’est tout. » Les autorités ont dû intervenir. Ce mois-là, 50 000 porcs ont été abattus et vingt des fermes de Smithfield ont dû être fermées. « Les fermes de Smithfield sont en quarantaine », a déclaré le sous-préfet de Timisoara, Zoltan Marrosy. « La police assure la sécurité dans la région, pour empêcher le transport d’animaux et endiguer la transmission du virus. Smithfield s’est comporté de façon agressive : nous leur avons demandé d’arrêter la reproduction des cochons et leur transfert d’une ferme à l’autre, mais ils ont complètement ignoré nos recommandations. » Les flambées de grippe ont aussi permis de révéler qu’onze des trente-trois fermes de Smithfield opéraient sans les autorisations requises par les autorités sanitaires. Les paysans locaux ont été sévèrement frappés par ces épidémies. « Personne ne veut plus de nos cochons », explose Lina Stoisin, petit éleveur de cochons. « Nous travaillons du matin au soir pour les élever et nous ne savons plus qu’en faire. Je croyais que les Américains étaient très en avance et qu’ils avaient des technologies sans faille, mais ils n’ont pas été capables d’éviter la peste porcine. » [29] La peste porcine classique est l’une de ces nombreuses maladies que les entreprises transnationales de la viande ont du mal à éviter. Tandis que la peste porcine dévastait les élevages porcins de Smithfield en Roumanie, une des autres filiales de l’entreprise, aux États-Unis cette fois, produisait une autre maladie mortelle. Le 25 septembre 2007, Topps Meat engageait ce qui allait bientôt devenir le second rappel de viande de boeuf le plus important de toute l’histoire américaine, rappel qui concernait près de 10 000 tonnes de bœuf haché congelé. Le rappel avait été ordonné par les autorités américaines après l’empoisonnement d’une trentaine de personnes par une souche mortelle d’Escherichia Coli (E.coli ou 0157:H7). [30] C’était la plus sévère des 16 attaques du même virus E.coli signalées durant les huit premiers mois de 2007 aux États-Unis. Le gouvernement américain estime que de nos jours jusqu’à 73 000 Américains par an sont infectés par l’E.coli 0157:H7. Topps était à l’origine une entreprise familiale qui se targuait d’une réputation de qualité. Mais en 2003, Topps a été racheté par Strategic Investments, une société à capital risque, qui cherche surtout à maximiser les bénéfices à court terme. Strategic Investments a introduit des nouvelles machines et fait monter la production en puissance pour satisfaire les besoins croissants de ses clients, tels que Wal-Mart et d’autres grands supermarchés et établissements de restauration rapide. « Toute l’année, en permanence, on a ressenti de plus en plus de pression », explique Alberto Narvaelzi, en parlant de l’année 2007. M. Narvaelzi est contremaître chez Topps où il travaille depuis 23 ans. [31] L’investissement à capital risque dans l’industrie de la viande devient de plus en plus courant dans le monde entier. Goldman Sachs, basé aux Etats-Unis et l’un des plus importants fonds d’investissement à capital risque du monde a, en 2006, racheté Shineway, le plus gros producteur de porc chinois. Il possède également 25% des parts du deuxième producteur de porc de Chine, le Yurun Food Group, ce qui fait de Goldman Sachs de loin la plus grande entreprise chinoise de viande de porc. Une bonne part de l’industrie porcine chinoise se trouve ainsi entre les mains de directeurs de fonds mondiaux dont le seul souci est d’obtenir un retour rapide sur investissement. Une telle évolution a nécessairement des conséquences sur le contrôle des maladies animales transfrontalières. Mais cela ne fait jamais l’objet de discussion au sein des agences officielles qui s’occupent de ces sujets. Comment s’en sortir Le monde est secoué par d’importants changements concernant les maladies mondiales. Nous allons devoir affronter encore davantage de maladies, des types de maladies plus mortelles et une capacité de propagation accrue. Nous sommes aussi face à une plus grande probabilité qu’émergent zoonoses et pandémies mondiales. Pourtant, la réponse internationale à cette situation nouvelle est très loin jusqu’à présent de refléter l’ampleur de la menace. Faute en est aux gouvernements qui n’ont pas la volonté de confronter les pouvoirs en place qui dominent l’élevage industriel, depuis les compagnies pharmaceutiques et leurs brevets jusqu’aux industriels de la viande et leurs élevages intensifs. Le résultat en est que les réponses officielles aggravent souvent les problèmes structurels d’ensemble. S’il y a dans ce pronostic déprimant une lueur d’espoir, c’est que les solutions existent déjà : des systèmes locaux de production alimentaire qui continuent à nourrir et fournissent un moyen de subsistance à des milliards d’humains de par le monde, voilà notre meilleure défense contre la menace des maladies émergentes. Ces systèmes ont besoin d’être soutenus : il est essentiel qu’ils prennent enfin la place qui leur revient dans la réflexion internationale sur le contrôle des maladies. 1 - http://tinyurl.com/2zzenz 2 - David Barboza, “Virus spreading alarm and deadly pig disease in China”, New York Times, 6 August 2007, http://tinyurl.com/2kg7qf 3 - Kegong Tian et al., “Emergence of Fatal PRRSV Variants: Unparalleled Outbreaks of Atypical PRRS in China and Molecular Dissection of the Unique Hallmark”, PLoS ONE 2(6), 13 June 2007, http://tinyurl.com/2gvzga 4 - Ann Perry, “Genetic clue for fighting swine virus,” 18 October 2007, http://tinyurl.com/2xg3sc 5 - Kegong Tian et al., 2007; Biosecurity New Zealand, Ministry of Agriculture and Forestry, “Import risk analysis: Porcine reproductive and respiratory syndrome (PRRS) virus in pig meat”, 25 July 2006, http://tinyurl.com/24fdrx 6 - Monte B. McCaw, Department of Population Health and Pathobiology, North Carolina State University, “New concepts for the control of PRRS: Within pig strategies”, N.C. Healthy Hog Seminars, 2004, http://tinyurl.com/248438 7 - Biosecurity New Zealand 2006; Joe Vansickle, “PRRS Spreads Worldwide,” National Hog Farmer, 1 November 1997, http://tinyurl.com/yunxpe 8 - Communication personnelle par mail le 2 novembre 2007 9 - J. Otte, D. Roland-Holst, D. Pfeiffer, R. Soares-Magalhaes, J. Rushton, J. Graham and E. Silbergeld, “Industrial Livestock Production and Global Health Risks”, Pro-Poor Livestock Policy Initiative, June 2007, http://tinyurl.com/28oopa 10 - Agriculture and Consumer Health Department, FAO, “New Animal Disease threats”, Agriculture 21, June 2002. 11 - Otte et al., ”Industrial Livestock Production”. 12 - Le rôle de l’élevage industriel dans l’émergence et la propagation de la grippe aviaire est très bien étudié dans l’article « Qui est le dindon de la farce ? », traduction du Briefing de GRAIN de février 2006. L’épidémie de Nipah en Malaisie, qui a tué 150 personnes, a commencé en 1998 dans une grande exploitation de l’état d’Ipoh appartenant à une multinationale basée à Singapour. La ferme avait été en contact avec des roussettes (les hôtes naturels du virus). A partir de là, le virus s’est répandu, grâce aux mouvements de porcs, à d’autres régions de production de porcs dans le pays. Il y a maintenant consensus sur le fait que l’épidémie de SRAS est également passée de chauve-souris à des animaux d’élevages industriels (il s’agissait cette fois de civettes chinoises) puis à l’homme. 13 - Une étude de CAST de 1999 montre que 4,3 % des systèmes traditionnels d’élevage sont remplacés chaque année par des élevages intensifs. Cf. CAST « Animal Agriculture and the Global Food Supply”, Task Force report 135, 1999. 14 - La première épidémie a eu lieu à Savar, une banlieue de Dakha, au Biman Poultry Complex, qui appartient à Biman Bangladesh Airlines et est géré par cette compagnie. 15 - Sheikh Sabiha Alam, “Row over bird flu compensation”, Daily Star, 28 May 2007, http://tinyurl.com/2gyfha 16 - “Poultry industry faces uncertainty”, Daily Star, 26 March 2007, http://tinyurl.com/2b2bap; “Avian Flu outbreak: Savar families pass nervous days”, bdnews24.com, Savar, 25 March 2007, http://tinyurl.com/2d99hb;“W.Bank body, NGO to fight bird flu in Bangladesh”, Reuters, 2 July 2007. 17 - FAO, “African Swine Fever in Georgia”, Empress Watch, June 2007. 18 - “Live pig insurance benefits breeders”, CCTV, 18 November 2007. 19 - Le Comité de réglementation des assurances de Chine (Insurance Regulatory Commission) a mis en place un programme pilote pour assurer les porcs dans la deuxième moitié de 2007. S’il s’avère un succès, ce projet pourrait être étendu. http://tinyurl.com/ywqak4 20 - Akemi Kamakawa et al., “A sero-survey of the porcine viral diseases in the Mekong delta”, proceedings of the 11th International Symposium of the World Association of Veterinary Laboratory Diagnosticians and OIE Seminar on Biotechnology, Bangkok, Thailand, 9–13 November 2003. 21 - Le propriétaire d’une grosse ferme de la région où on a enregistré les premières flambées, assure que la maladie a tué chez lui 155 porcs en février 2007, donc plusieurs mois avant que les épidémies ne soient officiellement reconnues. Voir David Matsaberidze, “Mystery pig disease strikes western Georgia”, The Messenger, 11 May 2007, http://tinyurl.com/yqk2eu 22 - Federal Department of Foreign Affairs and the Swiss Agency for Development and Cooperation, Government of Switzerland, “Proposal for a control plan for ASF in Georgia: Expert mission to Georgia July 2nd until July 13th, 2007”, http://tinyurl.com/26e56s 23 - La source de l’épidémie n’a jamais été confirmée. L’idée que cette souche du virus (qui est limitée à quelques pays d’Afrique du Sud-Est qui n’exportent pas de porcs) pourrait avoir été transmise aux porcs locaux par l’intermédiaire de déchets provenant de bateaux, est vraiment peu probable. 24 - OIE Terrestrial Animal Health Code, 2006, Chapter 1.3.5, http://tinyurl.com/2btnxs 25 - O. Thieme, J. Hinrichs, FAO, “Poultry sector restructuring options and impacts: The Future of Poultry Farmers in Vietnam after Highly Pathogenic Avian Influenza”, 9 March 2007. http://tinyurl.com/2cpstt 26 - L’un des effets concrets de cette façon de penser est déjà visible dans le refus de nombreux gouvernements de mener de simples programmes de vaccination contre les principales maladies, ce qui réduirait la mortalité animale mais provoquerait des problèmes pour les exportations. Certains exemples ont fait beaucoup de bruit : Le Royaume-Uni avec sa fièvre aphteuse, et la Thaïlande, où malgré des manifestations de paysans réclamant des vaccins, les autorités ont refusé de mettre en place la vaccination contre la grippe aviaire au plus fort de l’épidémie, afin de protéger les exportateurs de volailles. 27 - http://tinyurl.com/2azuna 28 - Tom Philpott, “Hog Futures: How the meat industry thrives, even as costs rise”, Gristmill blog, 13 September 2007, http://tinyurl.com/yua8gs 29 - La plus grande partie de ces informations provient d’une excellente enquête de Mirel Bran « La peste porcine : La Roumanie critique l’attitude d’un groupe américain » dans Le Monde du 16 août 2007. 30 - L’infection par E.Coli est habituellement bénigne, mais le variant mortel en question a émergé dans les élevages industriels d’Amérique du Nord. 31 - Christopher Drew and Andrew Martin, “Many Red Flags Preceded a Recall of Hamburger”, New York Times, 29 October 2007. Mise à jour: 7 mai 2009. Publié en anglais janvier 2008. Traduit de: GRAIN, Viral times - The politics of emerging global animal diseases, Seedling, January 2008, http://www.grain.org/seedling/?id=532