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L'autre 'pandémie'

by GRAIN | 28 Jul 2009

GRAIN

Au début de mai 2009, la réunion annuelle des gouverneurs de la Banque asiatique de développement (BAD) s’est tenue à Bali. En marge de l’événement officiel, le Tribunal des peuples de la région Asie-Pacifique contre la BAD, des mouvements sociaux, des ONG et d’autres groupes ont condamné la Banque pour sa politique de prêt et ses prescriptions économiques qui ont miné les moyens de subsistance des populations de la région et exacerbé encore la pauvreté. [1] En plein tumulte, la Banque a publié le chiffre suivant : plus de 56 000 enfants de la région Asie-Pacifique mourront cette année des conséquences de la seule crise financière. [2]

La crise financière, en effet, poursuit son cours, privant les gens de leur travail, de leur logement et de leurs économies. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que les créances toxiques impliquées dans la crise s’élèvent à environ 4,1 billions de dollars US. [3] Le gouvernement américain à lui seul a accordé autour de 14 billions de dollars jusqu’à présent pour soutenir les grandes banques et faire redémarrer l’économie. Au beau milieu du désastre économique, une épidémie de grippe porcine tout à fait prévisible s’est déclarée dans des fermes industrielles mexicaines appartenant à des entreprises américaines et s’est répandue partout dans le monde. [4] Certains scientifiques pensent que le nouveau virus pourrait infecter jusqu’à une personne sur trois dans le monde et les agences internationales et les gouvernements maintiennent l’alerte “pandémie” maximale. Mais on semble oublier cette autre “pandémie”qui ravage la planète depuis maintenant plus d’un an : la crise alimentaire mondiale.

La solution habituelle: l’agrobusiness

La crise alimentaire qui a explosé en 2007-2008 n’a pas disparu: Dans beaucoup de pays, au dire des experts, elle est au contraire en train de resserrer son étreinte et menace de se manifester à nouveau dans les mois qui viennent avec de nouvelles augmentations des prix. Les Nations unies estiment que plus d’un milliard d’humains souffrent aujourd’hui en permanence de la faim. [5] Cela représente une personne sur six, chaque jour. La plupart des victimes vivent en Asie (62 %). Selon l’Organisation… des Nations unies (FAO), la crise financière à elle seule a fait tomber 104 millions de personnes supplémentaires dans le piège de la famine [6]. Pour reprendre les mots du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, 80 % de ceux qui ont faim sont soit des agriculteurs, soit des ouvriers agricoles, bref, ceux qui produisent notre nourriture. Mais comment a-t-on pu en arriver là?

Quand on observe ce qui a été fait pour répondre à la crise alimentaire, les résultats sont plutôt déprimants. Certes, quelques gouvernements ont fait preuve d’ouverture en invitant des paysans et des organisations sociales à participer à des projets permettant une certaine pluralité d’opinions. Mais dans l’ensemble, les réponses ont été unilatérales et imposées d’en haut. GRAIN l’a suffisamment montré l’an dernier, la crise alimentaire est presque toujours présentée de façon erronée comme étant principalement un problème de production. Et toutes les réponses se conforment au même impératif: produire davantage de nourriture. Pour la pensée capitaliste obnubilée par le monopole, cela veut dire des semences commerciales, de grandes étendues de terres uniformes facilitant la monoculture, beaucoup d’intrants chimiques et un système commercial et financier sans entraves. En conséquence, des sommes d’argent énormes sont mises en jeu pour essayer de suivre la recette proposée (“nourrir le monde”), quand c’est précisément cette recette qui nous a mené au désastre actuel.

Tout au long des derniers mois de 2008, les bailleurs de fonds et les agences onusiennes n’ont cessé de clamer que la solution à la crise alimentaire était “plus d’investissement pour l’agriculture”. Une série de conférences ont eu lieu et des promesses ont été faites. [7] L’année 2009 a continué sur cette lancée, mais les fonds deviennent plus sophistiqués. Ainsi le gouvernement français vient d’établir, par l’intermédiaire de la Banque africaine de développement, un nouveau fonds de capital-risque pour investir dans l’agriculture africaine. Sur la base d’un capital de départ de 200 millions d’euros et un objectif de 500 millions, l’Agence française de développement doit canaliser l’argent provenant d’investisseurs privés et de fonds souverains dans ce nouveau fonds, en échange d’un taux de retour garanti d’au moins 5 %. La Banque africaine de développement place son propre capital dans des fonds de capital-risque, tels qu’Agri-Vie, pour encourager les partenariats avec l’agrobusiness sur le continent africain; la Banque asiatique de développement fait de même. [8] La Banque mondiale, quant à elle, va augmenter ses dépenses agricoles de 4 milliards de dollars US en 2008 à 12 milliards en 2009-2010. [9] En même temps, son bras commercial, l’International Financial Corporation (IFC) s’est associé à Altima Partners, pour créer un fonds de 75 millions de dollars US pour investir dans l’agrobusiness avec pour objectif d’“augmenter la production alimentaire”. [10]

Il est vrai que, dans ce nouveau boom d’investissements, davantage de bailleurs de fonds admettent l’importance des paysans et de l’agriculture familiale. Certains sont conscients que l’agriculture à large échelle de type plantation est susceptible de provoquer des problèmes environnementaux et socio-économiques. Quelques-uns s’inquiètent même du fait que monocultures et semences génétiquement modifiées (GM) menacent la biodiversité. Mais de façon générale, la majeure partie de l’argent réservé à la crise alimentaire a pour but l’expansion de l’agrobusiness dans les pays en développement, et non pas l’agriculture familiale ou les marchés locaux destinés aux communautés ; et pourtant, beaucoup estiment que c’est la seule voie qui permette gens de se nourrir correctement. L’accaparement massif des terres pour produire des cultures vivrières à l’étranger reflète également la situation. [11]

En l’occurrence, tout cela pourrait donner l’impression que ces initiatives officielles pour mettre fin à la crise alimentaire sont une façon de faire bénéficier le public de l’argent public. Mais ce serait faire erreur: en réalité, la plus grande part des investissements sert au développement de l’agrobusiness. On assiste à un déluge de nouveaux fonds d’agrobusiness et de véhicules d’investissement qui poussent par exemple les fonds de pension à acquérir des terres agricoles à travers le monde, attirant des masses de dollars d’investisseurs qui cherchent désespérément des alternatives à l’investissement en bourse. Le conseiller agricole du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a récemment déclaré que l’intérêt des investisseurs étrangers pour l’agriculture africaine est “presque [devenu] un mouvement social”. [12] Il est difficile d’obtenir des chiffres globaux sur le secteur privé, mais il est devenu évident que l’assistance officielle au développement se privatise de plus en plus. Tous ces fonds et ces programmes insistent sur la nécessité de choisir les semences des multinationales, une poignée d’espèces animales occidentales et des intrants chimiques (en particulier des engrais). Il est donc aisé de voir à qui profite cette évolution. Les fournisseurs d’intrants agricoles doivent se frotter les mains, en songeant à toutes ces nouvelles formes indirectes de subventions.

Le système n’est pas capable de nourrir les gens, encore moins de préserver leur santé

Dans la ruée à l’investissement agricole, nourrir les gens n’est pas la préoccupation essentielle. Dans le meilleur des cas, ce sont les consommateurs des marchés à l’exportation qui sont pris en compte; de plus, une bonne partie de l’argent ne sert même pas à la production alimentaire, mais à produire des agrocarburants.

Ces investissements ne sont donc pas tant destinés à augmenter la production de nourriture qu’à changer les modes et les destinataires de la production alimentaire. Prenons l’exemple de la Chine. Pékin a pris une décision politique : c’est avec l’agrobusiness, et non pas avec les petits paysans, que la Chine veut assurer l’expansion de son marché de viande et de produits laitiers. A tous les niveaux, le gouvernement fait son possible – depuis l’accord de subventions aux modifications des lois foncières et de la réglementation alimentaire - pour faciliter les choses aux géants de l’alimentaire, Chinois comme étrangers. Les investissements dans l’industrie laitière et dans le secteur de l’élevage chinois ont connu une véritable explosion. Le nombre de fermes industrielles dépassaient déjà 53 000 en 2003. [13] Quelques grandes entreprises chinoises et des partenariats avec des entreprises étrangères sont en train d’émerger comme les géants de l’industrie. Ces géants sont souvent financés par des sociétés de capital-risque étrangères spécialisées dans la spéculation comme Goldman Sachs, Morgan Stanley et Kohlberg Kravis Roberts (KKR). Dans le même temps, les gigantesques besoins des fermes en aliments sont assurés par des fournisseurs comme Cargill and Bunge qui importent du soja GM de leurs exploitations états-uniennes. La Chine s’est si bien intégrée au monde de l’agrobusiness que COFCO, la plus grande entreprise de céréales du pays, serait en train de négocier le rachat de Smithfields Foods , le plus gros producteur de porc au monde, dont le siège est aux États-Unis et dont COFCO possède déjà 5 % du capital.

Tandis que l’agrobusiness fleurit en Chine, les gens souffrent, en particulier les paysans. Zhou Guanghon, professeur à l’Université agricole de Nanjing, prévoit qu’avec la politique actuelle de la Chine, le pourcentage de viande fourni par les petits producteurs va chuter de 80 % (le pourcentage actuel) à 30 % d’ici 2020 et que durant la même période, la proportion d’hypermarchés dans le domaine de la distribution de la viande passera de 15 % à 40 %. [14] Des millions de paysans supplémentaires seront obligés de quitter leurs terres, alors même que les licenciements dus à l’effondrement de la production pour l’exportation forcent des millions à reprendre, dans leur désespoir, le chemin des campagnes.

Les consommateurs chinois sont eux aussi durement touchés. Le gouvernement a été forcé d’intervenir pour maintenir des prix bas pour la viande et les produits laitiers et a été jusqu’à mettre en place la seule réserve de viande existante au monde. Cependant les problèmes de sécurité sanitaire des aliments menacent de devenir une spirale incontrôlable. Le scandale de la mélamine de l’an dernier, qui a tué au moins six enfants en bas âge, et en a rendu 300 000 malades, était le résultat direct de l’industrialisation accélérée de la production et de l’approvisionnement. La croissance des fermes industrielles a également provoqué de nouvelles maladies, plus mortelles, comme la grippe aviaire, qui non seulement tue des humains, mais perturbe énormément l’approvisionnement de la viande en Chine. Pour les industriels de la volaille chinois, la grippe aviaire est une des raisons principales qui expliquent la baisse de près d’un tiers du nombre de poulets durant le premier trimestre 2009. [15] Récemment, une épidémie causée par une nouvelle souche mortelle de maladie des oreilles bleues (Syndrome dysgénésique et respiratoire porcin, SDRP) a détruit jusqu’à un million de porcs en Chine. Cette épidémie est considérée comme un facteur clé de la hausse brutale du prix du porc.

Toutefois il serait injuste de charger uniquement la Chine, alors que nous sommes face à un phénomène mondial. Aux États-Unis, qui sont les stars du modèle de l’agrobusiness et de son système moderne de “sécurité” alimentaire, un Américain sur huit a souffert de la faim en 2007, avant même la chute libre de l’économie actuelle. [16] De surcroît, un Américain sur quatre contracte chaque année une maladie liée à l’alimentation, sans compter tout ceux dont la santé est affectée par d’autres maillons de la chaîne alimentaire, comme les 45 000 ouvriers agricoles qui, selon les estimations, sont empoisonnés par les pesticides tous les ans. [17] L’épidémie de grippe porcine a attiré l’attention sur la responsabilité des multinationales américaines de la viande : leurs fermes industrielles forment de véritables foyers d’infection pour des maladies mortelles pour les humains. L’Organisation mondiale de la santé a déclaré fin juin que 311 personne étaient mortes jusqu’à cette date des suites de l’épidémie de grippe porcine. Or chaque année, 18 000 Américains meurent d’une infection due à une“super bactérie”, le staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (le SARM), qui est endémique chez les porcs américains et dans la viande de porc vendue aux consommateurs. Le SARM provient, pense-t-on, de l’utilisation excessive des antibiotiques dans les élevages de porcs industriels. [18] Aujourd’hui, ce sont les mêmes grandes entreprises qui profitent du libre-échange et des accords d’investissement pour installer ou délocaliser leurs fermes gigantesques dans des pays plus pauvres, où la main d’œuvre est bon marché et la réglementation particulièrement souple, voire inexistante, tels le Mexique, la Roumanie et la Chine.

C’est ce système alimentaire meurtrier qu’on est en train d’essayer de nous vendre comme la réponse à la crise alimentaire mondiale et on confie la tâche, moyennant finances, à l’industrie agroalimentaire.

Une mauvaise gouvernance

Dans un tel contexte, la conclusion s’impose d’elle-même : la communauté internationale a failli lamentablement dans ses tentatives de résoudre la crise alimentaire. En 1996, quand les chefs de gouvernement, réunis au Sommet mondial de l’alimentation, s’engagèrent à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim avant 2015, ce nombre s’élevait alors à 830 millions. Aujourd’hui, treize ans plus tard, il est de plus en plus clair que nous nous dirigeons non pas vers une réduction de moitié, mais probablement vers une multiplication par deux du nombre des victimes. Les États avaient aussi promis des mesures destinées à améliorer l’alimentation et la sécurité sanitaire des aliments, mais ici encore, nous n’en avons pas pris le chemin.

L’une des raisons fondamentales de cette évolution est que personne n’écoute les organisations de paysans et les mouvements sociaux n’ont pas l’oreille des décideurs ; ni dans les villes, ni dans les capitales et certainement pas sur les éblouissants forums internationaux. La classe politique préfère écouter les barons de la finance et du commerce qui nous ont mené dans cette galère et n’ont qu’une idée en tête : ouvrir tout grand aux multinationales et aux investisseurs ces secteurs “sous-développés”de l’agriculture, pour les transformer en opérations industrielles. En 2008, l’ONU a mis en place un groupe de travail inter- gouvernemental destiné à coordonner les efforts déployés contre la crise alimentaire. Aux côtés de diverses agences de l’ONU, les rôles principaux ont été confiés à l’Organisation mondiale du travail, au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. En janvier dernier, une énième assemblée au niveau ministériel a eu lieu, cette fois à Madrid : on était prêt à accueillir à bras ouverts le secteur privé parmi les agences responsables de la lutte contre la faim.

Nous assistons à une nouvelle vague d’expansion d’un système alimentaire profondément dangereux, dispendieux et non durable, qui est tout simplement en train de se débarrasser des communautés locales à un rythme alarmant. Si aucune réaction radicale ne vient arrêter cette évolution et si on ne laisse pas émerger de la base le changement et de nouveaux modes de gouvernance, le monde n’a pas fini de souffrir. En effet, c’est bien au niveau de la base qu’existent les vraies compétences et les savoir-faire dont le monde a besoin pour produire et commercialiser la nourriture, tout en garantissant le respect de l’environnement, les besoins nutritionnels des populations et la justice sociale.


1 See Asia–Pacific Research Network, “People’s week of action against ADB (1–5 May 2009)”, http://tinyurl.com/lbeuce

2 Agence France-Presse, “56k kids will die due to crisis”, Straits Times, 3 May 2009, http://tinyurl.com/lmwjv9

3 Mark Landler, “IMF puts bank losses from global financial crisis at $4.1 trillion”, New York Times, 21 April 2009, http://tinyurl.com/c8lpo3

La BAD estime le total des pertes financières pour 2008 à 50 billions (50 000 milliards ! ) de dollars US, http://tinyurl.com/lpmvpa

4 See GRAIN, Un système alimentaire qui tue : La peste porcine, dernier fléau de l’industrie de la viande, A contre-courant, avril 2009, http://www.grain.org/articles/?id=50

5 Reuters, “UN: Higher prices push hungry over 1 billion”, MSNBC, 12 June 2009, http://tinyurl.com/lmwvdr

6 Associated Press, “Financial crisis could bring number of those hungry to 1 billion”, Boston Globe, 7 May 2009, http://tinyurl.com/nnwp5q

7 Par exemple, l’Union européenne par a institué une “facilité alimentaire” d’un milliard d’euros, dont deux-tiers devraient être des fonds nouveaux. La Banque asiatique de développement à Manille a promis de doubler les sommes prêtées à l’agriculture asiatique en 2009, soit une somme de 2 milliards de dollars US.

8 African Press Organisation, “African Development Bank promotes agribusiness investment funds”, Tunis, 28 January 2009, http://tinyurl.com/ntblku

La Banque asiatique de développement est très critiquée pour sa stratégie d’investissement dans des fonds de capital-risque et pour le manque de transparence qui entoure ses transactions. L’un des véhicules d’investissement est le JS Fund, dont l’objectif est d’investir dans l’agriculture au Pakistan. Voir Polya Lesova, “New private-equity fund targets untapped Pakistani market”, Market Watch, 10 January 2008, http://tinyurl.com/lg3zhr

9 World Bank, “World Bank to invest $45 billion in infrastructure to help create jobs and speed crisis recovery”, press release, Washington DC, 23 April 2009, http://tinyurl.com/mpmemt

10 Lesley Wroughton, “IFC to invest in new agribusiness fund”, Reuters, 12 February 2009, http://tinyurl.com/lrvgkj

11 Voir la page de ressources de GRAIN sur la nouvelle tendance à l’accaparement des terres  http://www.grain.org/landgrab/.

L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) de Washington estime que 15 à 20 millions d’hectares de terres agricoles fertiles ont été, en raison de cette nouvelle tendance, louées ou vendues, ou sont sur le point de l’être.

12 Dr Richard Mkandawire, quoted in Yaw Adu-Asare, “What experts say about agriculture underdevelopment in Africa”, My Joy Online, Accra, 6 May 2009, http://tinyurl.com/mhtaae

13 Mia MacDonald and Sangamithra Iyer, “Skillful means: The challenges of China’s encounter with factory farming”, Brighter Green, August 2008, 20 pp, http://tinyurl.com/mzh9co

14 Zhou Guanghong, “The changing dynamic in China: the development of meat industry and consumers”, Presentation, Chinese Society of Animals Products Processing, 18 April 2006.

15 “China’s industry squeezed by bird flu, global crisis”, food.com, 5 March 2009, http://tinyurl.com/lxxll7

16 David Schechter, “Report: 1 in 8 Americans went hungry last year,” CNN, 21 November 2008, http://tinyurl.com/64h86z

17 Michael Moss, “Food companies are placing the onus for safety on consumers”, New York Times, 14 May 2009, http://tinyurl.com/o46zbh

18 Nicholas D. Kristof, “Our pigs, our food, our health”, New York Times, 11 March 2009, http://tinyurl.com/cbhymj

Author: GRAIN
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