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La résistance aux multinationales : l'expérience des familles paysannes au Sud-Ouest Bénin

by JINUKUN, Synergie Paysanne, GRAIN | 23 Oct 2008

JINUKUN, Synergie Paysanne, GRAIN

Depuis plusieurs décennies, les multinationales essaient par tous les moyens de contrôler la manière dont l’Afrique utilise ses ressources génétiques, ses semences en particulier. Les stratégies qu’elles ont employées incluent l’introduction d’intrants chimiques avec tous les problèmes que cela peut entraîner, l’adoption de lois nationales et/ou régionales inspirées pour la plupart des modèles européens et la mise en place de programmes soutenus par les Etats-Unis, tels que la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (l’AGOA) ou le Fonds pour les défis du millénaire  (le Millennium Challenge Account ou MCA). Les communautés locales, en revanche, résistent avec calme et dignité en transmettant leurs propres pratiques agricoles de génération en génération. Des exemples relevés durant un voyage au Sud-Ouest Bénin montrent ainsi comment les communautés parviennent encore à contrôler leur utilisation des semences et à gérer leurs ressources génétiques.

Les femmes prennent l’initiative

Béatrice Sotondji, une agricultrice du village de Fongba (Lokossa) a une pépinière de palmiers à huile traditionnels obtenue à partir de semences que son beau-père lui a données. Elle préfère les semences qui proviennent d’arbres traditionnels. En effet, même si les arbres provenant des semences dites “améliorées” peuvent produire beaucoup d’huile et permettre de s’enrichir, la sauce graine (crème de noix de palme) et l’huile qu’on extrait des palmiers traditionnels a meilleure apparence, meilleure odeur et meilleur goût. Fongba n’est pas une région où les palmiers à huile poussent naturellement. Il y a une cinquantaine d’années,  les villageois devaient aller chercher des plantules au village de Sè, à des dizaines de km de distance. La pépinière de Béatrice permet aux fermiers de Fongba de semer ses plantules dans leurs champs. Béatrice les fournit en général gratuitement – le don de semences constitue un élément essentiel de l’agriculture paysanne – mais si la demande devient trop importante, elle demande une petite contribution financière.

Béatrice a un autre champ de cultures vivrières depuis neuf ans. Elle n’utilise pas d’engrais chimiques et obtient toujours de bons rendements. Son seul problème vient des inondations (une catastrophe naturelle en Afrique de l’Ouest mais qui a empiré sous les effets du changement climatique) qui l’ empêchent de cultiver une partie du champ. Béatrice sélectionne elle-même les semences qu’elle va planter l’année suivante et n’a jamais acheté de semences sur le marché. Les semences qu’on lui a données quand elle a commencé ses activités agricoles il y une douzaine d’années lui servent encore aujourd’hui. Elle associe maïs et manioc en les plantant à des moments de l’années différents. Au moment de la récolte, elle sélectionne avec soin les semences qu’elle va garder pour chaque culture en ne mélangeant pas les produits de semis différents parmi les plants qui sont les premiers à mûrir. Elle fait sécher ces semences au soleil, puis les conserve au-dessus de la cheminée de sa cuisine pour les protéger contre les charançons. Ainsi, toutes les semences germent chaque année.

" Les multinationales nous condamnent à une mort lente "

Tous les paysans, cependant, ne gardent pas leurs semences à chaque récolte. Félicien Zonglahoun de Yénawa (Commune de Klouékanmè), cultive entre autres des haricots et des arachides. Il sélectionne quelquefois des semences pour les garder pour la saison suivante mais s’il lui arrive durant l’année d’avoir des problèmes d’argent, il vend toute sa récolte, y compris les semences pour l’année suivante et doit donc en racheter sur le marché. Il utilise des engrais chimiques, car selon lui, le sol de ses terres est pauvre et il a besoin d’intrants chimiques pour obtenir un bon rendement. Dans les régions avoisinantes, comme Lalo et Lokossa, où les sols sont encore fertiles, les paysans produisent deux récoltes de maïs par an. Mais les paysans de Klouékanmè n’obtiennent qu’une seule récolte, à cause des insectes nuisibles et de la pauvreté du sol.

Félicien a une palmeraie, héritée de ses parents, avec une pépinière de palmiers indigènes. C’est l’huile de ces arbres qu’il utilise pour sa propre consommation et il vend le surplus au marché. Il coupe quelquefois les palmiers les plus grands pour en extraire le jus de palme pour le boire ou en faire du sodabi, l’alcool local. Il n’utilise ni engrais chimiques ni pesticides dans sa palmeraie. Selon lui, presque tous les villageois font pousser des palmiers à huile traditionnels et les paysans qui font pousser des palmiers à partir de semences améliorées le font parce qu’ils ont plus d’argent. Il a également une orangeraie. Il a planté les orangers il y a trois ou quatre ans et ceux-ci commencent à porter des fruits cette année. Il utilise des pesticides sur ses orangers. Il n’y a, semble-t-il, pas suffisamment de fumier dans son village pour satisfaire les besoins de tous et Félicien, comme beaucoup d’hommes, utilise quelquefois des engrais chimiques. Les femmes, dit-il, ne se servent que de fumier animal et elles obtiennent de meilleurs récoltes. Quoiqu’il utilise des intrants chimiques, Félicien n’est pas un fan des multinationales : "Elles nous tuent vivants, nous mettent devant le tombeau, alors que nous sommes encore vivants".

Il ne fait partie d’aucune organisation paysanne et n’a jamais entendu parler d’OGM.

Contrairement à Félicien, Gilbert Danglo, un agriculteur de Yénawa II, est un militant actif. Il est secrétaire de l’Union Communale des Producteurs de Klouékanmè , une organisation paysanne locale de la Fédération des Unions de Producteurs du Bénin (FUPRO), qui est un des membres fondateurs des Organisations de Paysans et Producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA). Il cultive des espèces potagères (tomates et piments), des haricots et des palmiers à huile. Il utilise des engrais chimiques sur ses tomates mais pas sur ses autres cultures. Certaines de ses tomates sont des hybrides, mais très peu de ses autres cultures le sont.[1] Il a une collection intéressante de variétés de haricots et de tomates dans ses champs ; certaines tirent leur nom de leurs caractéristiques biologiques ou culinaires. Il sélectionne et met de côté des semences pour les récoltes suivantes.

L’une des plantes les plus couramment cultivées est le pois d’angol, une légumineuse similaire au pois. De fait, le nom de la commune, Klouékanmè, illustre l’importance de cette plante pour les agriculteurs : dans le langage local, kloué signifie pois d’angol et kanmè une récolte qui augmente le taux d’azote dans le sol (c’est bien sûr exactement ce que font les légumineuses comme le pois d’angol, en capturant l’azote de l’air). Le pois d’angol est presque toujours mélangé à d’autres cultures et on le plante au début de la première saison des pluies. Comme les autres paysans, Gilbert cultive du manioc  dont on se sert dans la région pour faire le tapioca et la farine. Pour leur manioc, les paysans utilisent des boutures de variétés locales ou des variétés “améliorées” fournies par les services régionaux du ministère de l’Agriculture. On trouve parfois parmi celles-ci des variétés qui proviennent de l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA). Les paysans ont également reçu une variété “améliorée” de maïs, le DMR [2](voir encadré) qui ne peut pas être conservé aussi longtemps que les variétés locales.  Gilbert sait ce que sont les OGM et y est opposé parce qu’il en a entendu parler à la radio. Il est devenu méfiant quand il a entendu dire que les paysans et les consommateurs des pays développés qui produisent des OGM refusaient de les consommer. Il n’a jamais entendu parler des semences “Terminator”.

Les semences “améliorées” au Bénin

La plupart des plantes cultivées au Bénin et dans le reste de l’Afrique proviennent, comme le palmier à huile, l’igname et le sorgho, de plantes sauvages qui ont été domestiquées sur des milliers d’années, ou bien ont été introduites d’autres pays au cours des derniers siècles; c’est le cas  par exemple du maïs, du manioc et de la mangue. De nombreuses variétés ont aussi été “améliorées” par des instituts de recherche agricole nationaux ou internationaux. En d’autres termes, ils ont fait l’objet de manipulations intensives pour améliorer les rendements. Comme la qualité (goût, texture et arôme) est généralement inversement proportionnelle au rendement, les paysans locaux choisissent souvent de ne pas manger de variétés “améliorées”, même quand ils les cultivent. Ce n’est peut-être pas surprenant qu’au Bénin, les communautés qui exercent un contrôle social sur les semences locales aient souvent une attitude complexe vis-à-vis des variétés “améliorées” : Même si elles  acceptent de les cultiver, ces communautés s’efforcent de les empêcher de s’infiltrer dans leurs pratiques sociales, culturelles ou spirituelles. C’est dans la vie de tous les jours qu’on trouve la plus forte résistance aux forces du marché et à la mondialisation.

Un des exemples en est l’igname. L’igname est utilisée dans les rites des célébrations communautaires annuelles du Nigéria à la Guinée. Durant ces cérémonies, les gens ne mangent jamais de nouvelles variétés d’ignames. C’est ce genre de coutume, ainsi que les pratiques paysannes traditionnelles, qui assurent  l’exploitation durable des ressources génétiques africaines. Dans les années 70, la recherche agronomique a introduit une nouvelle variété d’igname, connue sous le nom de Florido, de Porto Rico à la Côte d’Ivoire puis dans d’autres pays de la région, parmi lesquels le Togo et le Bénin. Quoique cette variété se multiplie plus facilement, elle n’est utilisée que comme culture commerciale. Les paysans ne l’utilisent que très rarement pour leur propre consommation.

L’Institut National de Recherche Agricole du Bénin (INRAB) travaille avec des communautés paysannes pour leur fournir des semences améliorées. Un certain nombre de variétés améliorées, de maïs principalement, ont été largement distribuées, en particulier le maïs DMR (voir note 2 page 13). Ce maïs est plus résistant à la sécheresse que les variétés locales. Il a un cycle de 60 à 70 jours, au bout duquel les grains ne peuvent plus être consommés frais parce qu’ils deviennent extrêmement durs, presque comme du verre. Ce qui fait que ni les paysans ni les consommateurs ne l’apprécient beaucoup. Au Bénin, il est surtout produit dans le sud.

Cette variété a été mise au point par des chercheurs dans le but d’augmenter les rendements mais elle n’a amené que malheur et désolation. Dans les champs elle est attaquée par les charançons et le grand capucin,  importé au Bénin par l’intermédiaire de l’aide alimentaire. Ce nuisible est surnommé le “broyeur”  en raison des dégâts qu’il cause. Cette variété est difficile à conserver, car la spathe ne recouvre pas entièrement l’épi. Après quatre mois de stockage dans les greniers traditionnels, DMR se transforme pour 80% en poudre. La farine qu’on en tire ressemble davantage à de la semoule, parce que les grains sont difficiles à moudre. Les meuniers n’aiment donc pas du tout cette variété. Les consommateurs n’aiment pas la pâte qu’on fait avec.

L’industrie alimentaire, en revanche, apprécie ce maïs parce qu’il fournit davantage de semoule et que cela rapporte plus. Une autre variété améliorée est le Pozanika : elle est résistante, a de gros grains très riches en amidon et un cycle de 120 jours. Contrairement au DMR, le Pozanika est tendre, mais il est aussi difficile à conserver. De fait, pour conserver correctement les nouvelles variétés, il faut utiliser des produits chimiques hautement nocifs (actelic super, cypercal et autres). Cela représente un énorme danger pour les paysans qui n’ont pas été formés à l’utilisation des produits toxiques.

Klouékanmè illustre les contradictions qui peuvent exister entre les décisions du gouvernement et celles qui sont prises par les communautés au niveau local. L’agronome Maxime Toklo, président de l’ONG Association pour l’Agriculture et le Développement Durable (A2D), travaille également pour la Mairie de Klouékanmè. Au cours d’une consultation, explique-t-il, la population locale avait exprimé son désir de développer la culture des tomates et des oranges. Comme la Mairie n’a que peu de ressources, elle  avait décidé de soutenir le projet de culture de tomates et d’obtenir pour cela le soutien de certaines agences de développement. Pour Maxime, cette expérience est un exemple de bon fonctionnement de la décentralisation dans une commune. Mais sans aucune consultation, le gouvernement a ensuite déclaré Klouékanmè comme zone de production de coton. L’une des agences qui avait accepté de soutenir le projet de production de tomates remet désormais en cause le partenariat, à cause de la décision du gouvernement.

D’autres décisions qui ont une influence considérable sur les populations locales sont prises d’encore plus loin. Il y a quelques mois, un groupe d’hommes d’affaires malais est venu en visite en Afrique de l’Ouest à la requête du Président du Bénin, Yayi Boni, qui rêve de transformer le Bénin en un “pays émergent”. Suite à cette visite, il est prévu de planter 400 000 hectares de palmiers à huile. Quoiqu’ aucune déclaration officielle n’ait été faite, il semble fort probable, au vu de l’engouement pour les agrocarburants au Bénin et en Afrique en général que l’huile de cette plantation sera destinée à la production d’agrocarburants.

Les paysans associent agrumes et cultures vivrières

David Kouassivi a planté une orangeraie dans le village de Davilhoué il y a dix ans. Il a acheté de jeunes plants d’oranger à des sélectionneurs et il les cultive maintenant en association avec des arachides. Les arachides poussent dans des sillons qui retiennent l’eau et celle-ci pénètre ensuite sous les orangers, permettant une meilleure récolte. Au départ, il a acheté des semences d’arachides locales au marché. Il en garde désormais d’une récolte à l’autre. Comme le sol était pauvre, il a utilisé des engrais chimiques autour des orangers, mais pas sur ses arachides. Les deux cultures sont destinées à la vente. Il a également un champ de palmiers à huile traditionnels : les plantules proviennent  d’amis ou il les a prises dans la nature. Il n’utilise jamais d’engrais chimiques pour les palmiers qui lui servent à la crème de palme et l’huile qu’il réserve à sa consommation personnelle. (Cette attitude de Davi est tout à fait typique : tous les paysans que nous avons rencontrés admettent que les engrais chimiques peuvent améliorer les rendements, mais la plupart des gens ne les utilisent pas sur les plantes qu’ils ont l’intention de consommer eux-mêmes, préférant dans ce cas utiliser des engrais organiques). Davi connaît les OGM parce qu’il est allé à une conférence organisée par la Mairie de Klouékanmè. Il a aussi entendu parler des semences “Terminator”.

Le champ du Frère Edmond Adjoglo, qui est à la fois pasteur et paysan, fait juste moins d’un hectare. Comme les autres paysans “sans-terres”, il loue son champ.  On appelle par exemple paysans sans-terres les étrangers (au village) et les locaux qui n’ont pas reçu de terre en héritage à la mort de leurs parents. Cette situation n’a pas toutefois provoqué le genre de lutte sociale qu’on peut voir chez les paysans sans-terres au Brésil. Quand le Frère Edmond a commencé à cultiver son champ il y a huit ans, il a acheté des semences locales au marché du village. Depuis, il a, à chaque récolte, gardé des semences pour la prochaine saison. Comme les autres dans le village, il échange quelquefois des semences. Il cultive du maïs, des piments, des tomates et du manioc.

Le Frère Edmond a également acquis une série de variétés de haricots, tous de source locale. Il produit ses propres hybrides, en faisant des croisements de plusieurs variétés pour obtenir les caractéristiques souhaitées. Dans ces croisements, il fait très attention de prendre en considération tous les caractères de la plante-parent y compris la longueur du cycle de floraison. En les plantant, il tient compte de la direction du vent, afin d’assurer une bonne dissémination du pollen. Il n’utilise pas d’engrais chimiques, parce que, dit-il, cela donne un mauvais goût aux récoltes et elles s’abîment plus vite. Une partie de sa récolte est consommée à la maison (en particulier le maïs) et le reste vendu au marché (en particulier les haricots). Il n’a aucune difficulté à vendre ses haricots, car les consommateurs aiment leur couleur inhabituelle, leur taille, leur goût et leur odeur.

La pêche à Grand-Popo

Comme c’est le cas de presque toutes les activités en agriculture, il existe deux sortes de pêche : la pêche traditionnelle, qu’on appelle aussi pêche artisanale, très souvent pratiquée par les communautés locales et la pêche “moderne” ou industrielle. Pour les besoins de l’article, nous avons choisi de nous concentrer sur la pêche artisanale qui joue un rôle important dans les stratégies de subsistance de certaines communautés côtières.

Le groupe que nous avons interviewé était dirigé par M. Agbobli Ayikoue, connu sous le nom de Hounnonvio (“le fils du féticheur/sorcier”) de la communauté de pêcheurs de Ewécondji-Plage à Grand-Popo dans le département de Mono. Les gens pêchent pour se nourrir eux-mêmes et vendre sur le marché. Ce sont des gens du coin mais certaines communautés de pêcheurs dans la région sont constituées d’étrangers, par exemple des Ghanéens. Selon Agbobli Ayijkoue, le bobi n’est disponible que d’octobre à décembre, mais la plupart des autres poissons sont  pêchés presque toute l’année. Au fil des ans, la taille des poissons a diminué. Les gens disent que c’est parce qu’on ne respecte plus les vieilles coutumes qui permettaient de ne pêcher que les gros poissons. On laissait alors aux alevins le temps de grandir, mais aujourd’hui, les filets ramassent tous les poissons, petits ou gros.

Les conflits internes ont aussi mené les gens à abandonner les cérémonies traditionnelles qui protégeaient le poisson. La communauté avait l’habitude de consulter le “FA”, une divinité traditionnelle, puis de faire des sacrifices (ou “Sanvo”) pour assurer une pêche fructueuse. Avlékété Kpanou  pense que certains vaudous (les divinités locales) exigent le sacrifice annuel de certains animaux : bœufs, moutons, dindes, canards et poulets. Chaque vaudou a sa préférence. Tous les propriétaires de bateaux contribuaient alors à l’organisation de ces cérémonies.  De nos jours, on se dispute pour savoir qui doit payer quoi. Et selon les pêcheurs, ces conflits entre humains ont provoqué aussi des conflits entre vaudous. Ainsi le bœuf doit être mis dans un canoë et emmené au large à plusieurs kilomètres du rivage comme sacrifice. Autrefois, le canoë se perdait en mer mais récemment, il est revenu vers la terre ferme, signe que la cérémonie avait échoué. M. Alowodo Mensah, cependant, offre d’autres explications pour la rareté du poisson : l’utilisation de bateaux à moteurs plutôt que la pêche à la ligne, la présence en mer de femmes en période de menstrues et le rejet de déchets dans la mer.

Certaines cérémonies, comme le Glatin, sont encore respectées. Le Glatin interdit de pêcher le cinquième jour, qui est le jour de repos des vaudous qui assurent l’abondance du poisson. M. Joachim Danhouan, le représentant de l’Union Nationale des Pêcheurs Marins et Assimilés du Bénin (UNAPEMAB), qui vit dans les environs de Kindjinhoué (Ewécondji), est d’accord avec ses collègues que certains rituels sont encore respectés, mais il souligne qu’il y avait auparavant beaucoup plus d’arbres et arbustes dans les mangroves. Il explique cette situation par un déclin dans la pratique de certaine cérémonies ancestrales, telles la consultation du “FA”, et par l’introduction du christianisme.

Conclusion

Comme la plupart des paysans dans les pays en développement, ceux du Bénin du sud-ouest ont continué tranquillement à perpétuer leurs pratiques agricoles ancestrales, échangeant des semences sans se soucier le moins du monde des droits de propriété intellectuelle qu’utilisent les transnationales pour contrôler les semences. En encourageant ces pratiques, les paysans contribuent à assurer la souveraineté alimentaire dans leur communauté et dans leur pays. Il ne fait aucun doute que le droit des communautés locales à préserver leurs ressources génétiques se fonde sur la combinaison de la diversité culturelle et de la diversité agroécologique de chaque pays.


1 Un hybride est une semence qui a été améliorée en croisant deux variétés qui sont en général de la même espèce, du même genre ou de la même famille. Ils diffèrent des OGM surtout par la technologie utilisée pour les fabriquer. (L’hybridation respecte la nature en croisant des plantes ou des animaux qui sont proches naturellement, tandis que les OGM sont le produit du génie génétique qui touche au cœur de la matière vivante et mélange espèces, genres, familles et règnes différents). Les hybrides sont moins problématiques que les OGM. Les OGM en effet soulèvent des problèmes de nature biologique, économique, sociale, culturelle et éthique.

2. DMR =  Downy Mildew Resistant, variété de maïs résistante à certaines  maladies. Elle a été créée par le Centre international pour l’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) au Mexique. Le CIMMYT fait partie du CGIAR (Groupe consultatif pour  la recherche agricole internationale), un réseau de 15 centres internationaux qui fut à l’origine de la Révolution verte dans les années 1970.


JINUKUN, le réseau national pour la gestion durable des ressources naturelles au Bénin, est le cœur de la COPAGEN, la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain.

Synergie Paysanne est un syndicat paysan du Bénin.


Nous tenons à remercier Christophe Megbedji, Maire de Klouékanmè, de nous avoir accordé un entretien et de son engagement pour la promotion de l’agriculture dans sa municipalité. Merci également aux associations de pêcheurs de Grand-Popo.


Author: JINUKUN, Synergie Paysanne, GRAIN