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Le monde de l'élevage aux mains des multinationales

by Par Susanne Gura | 27 Jan 2008

Quasiment ignorée du grand public, l'industrie mondiale de l'élevage est soumise à un processus extrêmement rapide de concentration. Les reprises et les accords de coopération entre entreprises se multiplient et la technologie évolue rapidement. Les demandes de brevets concernant le matériel génétique s'envolent et d'autres stratégies d'appropriation sont déployées avec ardeur. Au cœur d'une évolution qui ressemble étrangement à celle qu'a connue le marché mondial des semences, le secteur de la sélection animale, désormais re-baptisé « génétique de l'élevage » , est devenu le nerf de la guerre pour l'industrie et poursuit sa domination sur le monde de l'élevage. Avec leur opportunisme habituel, les géants de l'agro-industrie comme Monsanto arrivent sur le terrain.

Le monde de l'élevage aux mains des multinationales

Par Susanne Gura

Comme beaucoup des secteurs de l'agriculture, l'élevage industriel a subi des changements radicaux au cours de la dernière décennie. La prolifération des accords de libre-échange, multilatéraux comme bi-latéraux, a provoqué une augmentation inouïe du commerce international des produits de l'élevage. Les importations de viande bon marché ont inondé les marchés des pays du Sud. Quoique, dans beaucoup de ces pays, les petits exploitants assurent jusqu'à un tiers de la production économique nationale, ils ont reçu très peu de soutien public pour résister à cette invasion. Incapables de faire le poids, beaucoup ont été ruinés. De nombreux paysans africains ont ainsi perdu leur gagne-pain, quand l'Union européenne a déversé chez eux sa poudre de lait, puis ses découpes de poulet de mauvaise qualité. Des milliers de petits producteurs de poulet ont fait faillite durant la « crise du poulet » en 1999- 2000 aux Philippines, quand d'énormes quantités de volailles bon marché ont été importées des États-Unis. Aujourd'hui, dans de nombreux pays d'Asie et d'Amérique latine, les petits exploitants sont obligés d'accepter des accords contractuels extrêmement défavorables pour fournir des matières premières bon marché aux grands transformateurs de viande et de lait. Dans la plupart des cas, les petits exploitants reçoivent leurs souches, les aliments et les services vétérinaires de la société qui achète leur production. Les politiques gouvernementales soutiennent en général ce système d'élevage industriel, en lui accordant d'importantes subventions et des exemptions fiscales, tout en imposant des réglementations sanitaires qui favorisent l'élevage industriel au détriment des petits producteurs.

Ces changements économiques, qui ont des conséquences considérables, ont été facilités par une révolution technologique qui permet aux entreprises industrielles de prendre le contrôôle de tout ce qui concerne l'élevage. Dans l'élevage de volailles, l'une des innovations clés fut l'introduction du poulet hybride dans les années 40 par le Président des États-Unis Henry A.Wallace. En appliquant les principes qu'il avait utilisés pour développer le maïs hybride, il découvrit que le croisement de deux lignées différentes [l'une portant des traits femelles comme la prolificité, c.-à-d. le nombre de petits, et l'autre des traits mááles, comme la croissance musculaire] augmentait habituellement la productivité. C'est ce qu'on appelle la « vigueur hybride » . L'industrie de la volaille alors émergente a exploité au maximum cette nouvelle technologie pour développer des lignées de poulets qui, une fois croisées, étaient sensées maximiser les qualités recherchées. Cela signifiait produire des poules pondeuses qui donneraient beaucoup d'œufs et des poulets à rôtir qui grossiraient rapidement et donneraient beaucoup de viande blanche et tendre. On développa également d'autres produits, des aliments concentrés et des médicaments vétérinaires entre autres, pour rendre l'élevage industriel viable et maximiser la production. Aujourd'hui l'élevage industriel fournit à peu près les deux-tiers de la production mondiale de poulets à rôtir et environ la moitié des œufs.

Pour satisfaire l'énorme potentiel du marché qu'avait ouvert la technologie des hybrides, la sélection, la multiplication et l'engraissement sont devenues l'objet de trois industries différentes : les multiplicateurs achètent les poussins produits par les sélectionneurs et vendent la prochaine génération aux éleveurs qui vont les engraisser. Pour s'assurer la dépendance des paysans, les sélectionneurs ont intégré un élément qu'on pourrait décrire comme une sorte de « serrure biologique » : La vigueur hybride ne dure qu'une seule génération, ce qui veut dire que les hybrides doivent être sans cesse sélectionnés à partir de souches pures. Pour empêcher que les multiplicateurs ne commencent à produire leurs propres souches pures, leur faisant ainsi concurrence, les sélectionneurs ne fournissent aux multiplicateurs que des poulets máles de lignée mále et des poulets femelles de lignée femelle. En clair, le multiplicateur est obligé à chaque génération de retourner chez le sélectionneur afin de s'approvisionner en stock ; l'éleveur, lui, doit retourner chez le multiplicateur pour acheter ses poulets à engraisser.

La concentration de l'industrie de l'élevage du bétail s'est également accélérée dans les dernières années. Il n'existe pas encore de lignées hybrides dans ce domaine, mais l'insémination artificielle, introduite dans les années 40, est très utilisée. Cela permet à un taureau à hautes performances d'avoir jusqu'à un million de descendants. La plupart des éleveurs laitiers achètent le sperme de ces taureaux à hautes performances. Même quand un éleveur a la chance de développer un taureau de classe internationale, c'est habituellement une grande entreprise qui gère la commercialisation du sperme. Environ deux-tiers du lait dans le monde proviennent de vaches à haut rendement. Ce sont des vaches qui ont été soigneusement sélectionnées d'après quelques critères très clairs : maximiser la quantité de lait qu'elles produisent et sa teneur en matières grasses, et faire en sorte que l'assimilation de leur alimentation soit le plus efficace possible. La durée de vie de ces animaux est désormais réduite à trois ou quatre ans ; les éleveurs laitiers ont donc besoin de remplacer leurs bêtes bien plus souvent qu'auparavant.

La concentration de l'industrie de l'élevage de porcs ne doit son ralentissement qu'à un problème technique : l'insémination artificielle chez les porcs ne marche pas aussi bien qu'avec le bétail. Si elles sont inséminées avec du sperme congelé, les truies ont en moyenne 10% moins de portées et chaque portée compte un porcelet de moins que si du sperme frais avait été employé. C'est pour cette raison que des verrats vivants étaient utilisés jusqu'à très récemment, ce qui a facilité la survie des associations et des coopératives d'éleveurs porcins. Cependant, leurs jours semblent comptés : Les grandes entreprises sont en train d'imposer des restrictions sur l'insémination par verrat vivant, sous prétexte qu'elle augmente le risque d'infection. Les lignées hybrides sont aussi très communes dans l'élevage porcin, et là encore, on observe la séparation entre sélectionneurs, multiplicateurs et engraisseurs. Le principe de la « serrure biologique » , avec ses lignées máles et femelles, est de plus en plus appliqué. On développe aussi des lignées de truies avec de plus grands utérus, ce qui signifie qu'elles sont capables de donner naissance à plus de petits qu'on transfère dans les mères au stade d'embryons.

Encadré no1 : Monsanto passe aux porcs brevetés

En 2005, un chercheur de Greenpeace a découvert que Monsanto cherchait à obtenir des brevets non seulement sur des méthodes de sélection porcine, mais aussi sur des troupeaux réels de porcs et leur descendance, quoique aucun des procédés employés par Monsanto n'ait impliqué de modification génétique. Pour révéler l'ampleur des ambitions de Monsanto, Greenpeace a fait des recherches sur 30 porcs de 9 races différentes et trouvé qu'ils possédaient tous une combinaison génétique qui, selon la spécification du brevet, serait considérée comme une invention de Monsanto. Cela pouvait avoir des conséquences considérables : « Si ces brevets sont accordés, Monsanto pourra légalement empêcher les sélectionneurs et les éleveurs d'élever des cochons dont les caractéristiques sont décrites dans la description du brevet ou les forcer à payer des royalties, affirmait Christopher Then, le chercheur de Greenpeace. « C'est un premier pas vers le genre de contrôle des multinationales sur le domaine animal que Monsanto exerce, avec l'agressivité qu'on connaíít, sur certaines lignées de céréales et de légumes. » [1]

Les critiques du public qui ont suivi cette révélation de Greenpeace ont forcé Monsanto à édulcorer sa demande de brevets, mais le géant de la biotechnologie n'a pas été perturbé outre mesure. Monsanto a fait une douzaine d'autres demandes de brevets relatifs à la sélection porcine. PIC, qui appartient maintenant à Genus Plc, a également déposé une série de demandes de brevets. Ce genre d'évolutions a poussé Greenpeace et beaucoup d'autres organisations de la société civile à réclamer une refonte complète de la Loi européenne sur les brevets, afin de faire interdire les brevets portant sur les animaux et les plantes non OGM et leurs gènes.

Monsanto a essuyé d'autres revers temporaires. Il était par exemple parvenu à un accord avec l'entreprise JSR Genetics, dont le siège est au Royaume-Uni, afin de devenir le distributeur exclusif de son verrat « Genepacker » . Probablement parce que Monsanto manquait d'expérience en sélection animale, cet accord n'a pas été très fructueux. En septembre 2007, Monsanto a vendu Monsanto Choice Genetics à une entreprise américaine, Newsham Genetics. Cependant, Monsanto a l'intention de poursuivre sa recherche en génétique porcine, qui est la partie la plus importante et potentiellement la plus rentable de ses opérations porcines. Il a signé un contrat de recherche de trois ans en collaboration avec Newham. Monsanto a déjà développé la carte génomique la plus exhaustive de l'industrie porcine : elle comprend plus de 6 000 associations de marqueurs génomiques de performance porcine.

1. Greenpeace International, « Monsanto files patent for new invention: the pig « http://www.greenpeace.org/international/news/monsanto-pig-patent-111

La révolution de la génétique

Les premières innovations, telles les hybrides et l'insémination artificielle, sont maintenant supplantées par une autre transformation technologique qui pourrait avoir des conséquences d'une portée encore plus considérable : la révolution de la génétique. De nouvelles technologies, comme le clonage et le transfert de gènes, prennent de plus en plus d'importance. Le génie génétique est appliqué aux volailles depuis les années 80 et des oiseaux transgéniques ont souvent été créés en laboratoire. Mais cette technologie n'a pas encore été utilisée dans la production commerciale de volailles, en raison surtout d'une résistance considérable dans le public. La viande d'animaux clonés n'est plus très loin de nos assiettes, maintenant que la FDA (service du gouvernement américain responsable de la surveillance des aliments et des produits de santé) a donné son accord en janvier 2007 et que l'UE a annoncé qu'une procédure spécifique pour la commercialisation de cette viande « clonée » ne serait pas nécessaire.

La sélection d'hybrides et la séparation sélection/multiplication/engraissement qu'elle entraíne ont renforcé le pouvoir des sélectionneurs et favorisé la concentration des élevages industriels. Ce procédé de concentration a été extrêmement rapide : aujourd'hui il ne reste que quatre sélectionneurs (voir tableau no1) dans le secteur du poulet, alors qu'ils étaient onze en 1989. Le nombre des entreprises qui fournissent le stock génétique pour les pondeuses au niveau mondial a chuté de façon encore plus évidente : il est passé de dix à deux au cours de la même période. Actuellement, partout dans le monde, les paysans qui veulent produire des œufs, des poulets, des canards ou des dindes à l'échelle commerciale sont obligés d'acheter leur matériel génétique à cette poignée de sélectionneurs.

L'un des grands acteurs du marché du poulet est le groupe allemand Eric Wesjohann (EW Gruppe), le leader mondial de la génétique dans le domaine des pondeuses, des poulets et des dindes. Avec 4 000 employés, il opère dans 15 pays (en particulier l'Allemagne, la Pologne, les États-Unis, le Canada , le Brésil, le Japon et l'Afrique du Sud). Il a plus de 35 filiales, dont l'une, Aviagen, est le plus grand sélectionneur mondial de poulets à rôtir et de dindes. Le groupe EW fournit le matériel génétique pour 68% des œufs blancs et 17 % des œufs bruns. Le reste du matériel génétique pour les œufs bruns provient presque entièrement (65%) de l'entreprise hollandaise Hendrix Genetics, qui est également l'un des leaders en génétique dans le domaine des poulets et des porcs.

Tableau n°1 : Les acteurs principaux sur le marché mondial de la sélection animale

Domaine génétique

Rang sur le marché mondial

Société-mère

Filiales

Pondeuses (œufs blancs)

1 (68% du marché)

Erich Wesjohann Gruppe (Allemagne)

LohmannlTierzucht, Hyline, H&N

 

2 (32% du marché)

Hendrix Genetics (Pays-Bas)

ISA, Hendrix

Pondeuses (oeufs bruns)

1 (60à 65% du marché)

Hendrix Genetics

ISA, Hendrix

 

2 (17% du marché)

Erich Wesjohann Gruppe

Lohmann Tierzucht

Poulets

1

Erich Wesjohann Gruppe

Aviagen

 

2

Groupe Grimaud (France)

Hubbard

 

3

Tyson (États-Unis)

Cobb-Vantress

 

4

Hendrix Genetics

Hybro

Dindes

1

Erich Wesjohann

Aviagen, British United Turkeys

 

2 (34% du marché)

Hendrix Genetics

Hybrid

 

3

Willmar (États-Unis)

 

Canards

1

Groupe Grimaud

Grimaud

 

2

Cherry Valley (États-Unis)

 

Porcs

1

Genus Plc (Royaume-Uni)

PIC

 

2

Hendrix Genetics

Hypor, Pigs Online

 

3

Pigture Group (Pays-Bas)

Topigs

 

4

Danish Meat Cooperative

Dandbred

Bétail

1

Genus Plc

ABS

 

2

Koepon (Pays-Bas)

Alta

Aquaculture

1

Genus Plc

Syaqua

L'intégration verticale

Au départ, l'intégration s'est faite verticalement, les sélectionneurs et les transformateurs de viande devenant une puissante entreprise unique. Tyson Foods Inc., la plus grande entreprise de transformation du poulet et de la viande rouge, fut l'une des premières à choisir cette voie. Cette entreprise géante compte 120 000 employés, atteint un chiffre d'affaires de 25 milliards de dollars US et fournit à peu près 25 % de la consommation américaine de poulet, bœuf et porc. Conscient de l'importance stratégique de la sélection animale, Tyson a, en 1994, racheté Cobb-Vantress, la plus vieille entreprise de sélection des États-Unis, qui fournit des souches de poulets à rôtir. Cobb-Vantress occupe aujourd'hui le 3è rang mondial dans ce secteur.

L'intégration verticale touche aussi les sélectionneurs de l'industrie porcine. Smithfield, qui produit environ un quart des porcs et produits porcins aux États-Unis, a, en 2006, pris une participation dans la société ACMC, un sélectionneur porcin dont le siège est au Royaume-Uni.

Tous les sélectionneurs ne sont pas des multinationales. Topigs, par exemple, est une société de sélection porcine dont le siège est aux Pays-Bas; organisée de façon coopérative, elle appartient à 3 000 éleveurs porcins. La coopérative était autrefois une forme d'organisation très répandue chez les éleveurs porcins des pays du Nord, jusqu'à ce que la privatisation, encouragée dans beaucoup de pays, ne favorise la prise de pouvoir des multinationales.

L'intégration horizontale

Plus récemment, un processus d'intégration horizontale est en train de s'ajouter à celui de l'intégration verticale. En 2005, Genus Plc, un sélectionneur dont le siège est au Royaume-Uni (à l'origine ABS Global, la plus grande entreprise de génétique bovine du monde, qui vend environ 10 millions de doses de sperme dans plus de 70 pays), a acheté Sygen, une des plus grandes entreprises de sélection de porcs et de crevettes, en même temps que sa filiale PIC, la plus grosse entreprise de sélection de porcs au monde. PIC (Pig Improvement Company ou la société d'amélioration du porc) vend chaque année 2 millions de reproducteurs, contrôle environ un tiers du marché américain et un dixième du marché européen. Un géant de la génétique a ainsi été créé, qui rassemble les plus grosses entreprises de sélection de bétail, de porc et d'aquaculture. L'intégration horizontale est en plein essor. En 2007, Hendrix Genetics, l'un des leaders dans le domaine génétique concernant pondeuses, poulets et porcs, a racheté les opérations de sélection appartenant à Nutreco, le plus grand producteur européen d'aliments composés et d'aliments pour poisson. Nutreco avait auparavant fait son intégration verticale, en rachetant d'importants sélectionneurs de dindes, de poulets et de porcs.

Ce processus d'intégration horizontale est mû par des progrès technologiques récents. Les transnationales ont bien compris qu'on peut appliquer les principes de la technologie génétique à tout l'ensemble de l'agriculture et que cette technologie, étayée par un système rigide de brevets, va les aider à asseoir leur puissance partout dans le monde.

Ce processus amène de nouveaux acteurs sur le marché de la génétique de l'élevage. Ainsi en 1998, Monsanto a acquis DeKalb Genetics Corporation, avec son secteur de sélection des porcs. Après avoir lancé Monsanto Choice Genetics, une filiale spécialisée en génétique porcine, Monsanto a ensuite signé un accord avec Metamorphix, une entreprise de recherche en génétique, ce qui lui a donné accès à tout le génome porcin jusqu'alors disponible (voir encadré 1). Il est fort probable, tout comme on l'a vu avec les pondeuses (deux entreprises), les poulets (quatre entreprises) et les dindes (trois entreprises), que, dans un avenir relativement proche, seules quelques compagnies auront la mainmise sur l'offre mondiale de porcs hybrides.

Ces énormes compagnies génétiques sont très prudentes quant aux stratégies qu'elles développent pour protéger leurs bénéfices. En 2007, Genus Plc a annoncé que la compagnie avait encore progressé dans laâ« réduction des risques » afférents à ses opérations, soulignant que 70% de ses affaires en aux États-Unis et en Europe s'appuient maintenant sur un système de royalties et que 90% de la production est confiée à des sous-traitants. En d'autres termes, les multinationales sauvegardent leurs bénéfices : leur rôle se limite à fournir du matériel génétique, en ayant recours à des contrats qui garantissent le paiement quelles que soient les circonstances, transférant donc la totalité du risque financier à ceux qui font vraiment de l'agriculture, c'est-à-dire principalement des agriculteurs sous contrat.

Quelles innovations techniques à l'avenir ?

Le rythme des changements s'accroít sans cesse. Comme nous l'avons mentionné plus haut, la technologie qui permet de modifier génétiquement les poulets existe déjà. En effet, Avigenics, une compagnie pharmaceutique américaine, affirme qu'elle fabrique des poulets génétiquement modifiés depuis plus de quatre ans. Probablement parce qu'une grande majorité du public européen considère cette technologie comme risquée et inutile, le groupe EW et sa filiale, Aviagen, ont tous deux clamé bien haut qu'ils n'avaient pas l'intention de s'en servir. On peut toutefois s'attendre à ce que les autres entreprises européennes, dont certaines (telles l'entreprise hollandaise Hendrix Genetics ou le groupe français Grimaud) sont restées très discrètes sur le sujet, s'engouffrent dans le secteur. Ceci s'applique aussi à Cobb-Vantress.

L'un des secteurs où la modification génétique va sans doute connaítre un grand essor est celui de la pisciculture. La mise sur le marché d'un saumon transgénique qui prendrait deux fois moins de temps pour atteindre la taille vendable qu'un saumon normal est prévue pour 2009. De très nombreuses espèces de poissons, le saumon, la truite, le bar et le turbot pour n'en citer que quelques-uns, peuvent désormais être produits dans des élevages et sont en train d'être adaptés à la production industrielle. Il est probable que ce secteur sera bientôt dominé par des multinationales de la biotechnologie comme Genus Plc.

Plusieurs entreprises de sélection bovine sont en train de mettre au point la technologie qui permettra de trier le sperme, augmentant de cette façon de 50 à 85% la chance d'obtenir des veaux du sexe voulu. Beaucoup d'éleveurs laitiers sont intéressés par la possibilité d'avoir des veaux femelles et sont prêts à payer nettement plus pour du sperme déjà trié. Ce genre de technologies va aussi accélérer les activités de sélection des grandes entreprises, et s'ajoute aux autres technologies utilisées couramment, telles que le transfert et la sélection d'embryons.

A partir de l'insémination artificielle du bétail, des recherches ont été menées pour essayer de conserver le matériel génétique relatif à l'élevage, non seulement le sperme mais aussi les ovocytes (cellules de l'œuf) et les embryons. Contrairement aux semences de plantes, le matériel génétique provenant des animaux d'élevage ne peut survivre hors du corps de l'animal et doit donc être conservé à l'état congelé (cryoconservation). L'une des raisons qui explique le développement de telles technologies est qu'il est nécessaire de conserver le matériel génétique provenant de races menacées d'extinction.

Encadré no2 : L'élevage menace les habitats littoraux en Asie *

La croissante rapide de la production animale et son impact sur l'environnement ne sont nulle part plus évidents qu'en Asie de l'Est et du Sud-Est. Dans les années 90, la production de porcs et de volailles a presque doublé en Chine, en Thaïlande et au Vietnam. En 2001, ces trois pays représentaient plus de la moitié des porcs et le tiers des poulets du monde entier. Il n'est donc pas étonnant que ces mêmes pays aient subi aussi une augmentation rapide de la pollution liée à la concentration des élevages intensifs. Les exploitations de porcs et de volailles concentrées sur les régions côtières de la Chine, du Vietnam et de la Thaïlande apparaissent comme une source majeure de la pollution en mer de Chine méridionale. Sur une bonne partie d'un littoral très peuplé, la densité des porcs excède 100 animaux au kilomètre carré et les terres agricoles sont surchargées d'un gigantesque surplus de nutriments.

La pollution par les engrais qui proviennent de la terre a provoqué des invasions d'algues en mer de Chine méridionale, le long des côtes de Hong Kong et de la Chine du Sud. Ces changements affectent les habitats de nombreuses formes de vie, car la mer de Chine méridionale abrite d'importantes populations de poissons, d'invertébrés, de mammifères marins et d'oiseaux de mer. Les conséquences de la pollution sur la biodiversité régionale risquent d'être considérables. Pour n'en prendre qu'un exemple, depuis 2002, des masses de plus en plus importantes de méduses géantes atteignent les côtes japonaises tout au long de l'année et constituent un obstacle sérieux aux campagnes de pêche. Ces espèces proviennent de la mer de Chine orientale, où elles prolifèrent gráce à l'essor du zooplancton qui résulte lui-même de l'eutrophisation due à la pollution venant des terres et du déclin des stocks de poisson.

L'impact de la baisse de qualité de l'eau de mer littorale dans l'un des écosystèmes marins peu profonds qui affiche l'une des plus grandes diversités biologiques au monde, les mers d'Asie orientale, va bien plus loin que des invasions d'algues et des effets secondaires sur la chaíne alimentaire. Les fragiles habitats côtiers sont menacés, en particulier les récifs de corail et les plantes marines qui sont des réservoirs irremplaçables de biodiversité et le dernier refuge de beaucoup d'espèces en voie de disparition. Ce sont les régions littorales aujourd'hui menacées de la mer de Chine méridionale qui ont fourni jusqu'à présent un habitat à 45 des 51 espèces mondiales de palétuviers, à presque toutes les espèces de corail connues et à 20 des 50 espèces de plantes marines qu'on connaít. De surcroít, cette région est le centre mondial, pour ce qui est de la diversité, des coraux hermatypiques, avec plus de 80 genres connus dont quatre semblent être endémiques. Elle abrite un nombre record de mollusques et d'espèces de crevettes et contient également une grande diversité de homards (taux d'endémisme exceptionnel).

* Extrait de Livestock's Long Shadow - Environmental Issues and Options, par la FAO, Rome 2006, pp.211-212.

Les conséquences sociales et environnementales

Dans leur course à la productivité, les entreprises se sont concentrées sur une poignée de races de bovins, de porcs et de volailles. Quoique les races à haut rendement puissent permettre des augmentations substantielles dans la production d'œufs, les quantités de lait, la teneur en matières grasses du lait et les taux de croissance, ces avancées ne sont réalisables que si les animaux reçoivent de grandes quantités d'aliment hautement énergétiques et sont élevés dans des conditions idéales de température, de services vétérinaires et de biosécurité, bref tout un arsenal de systèmes de gestion et de technologies destinées à contrôler parfaitement l'hygiène de tous les intrants dans un élevage industriel, afin d'éviter l'infection. Les petits exploitants, qui n'ont ni le capital nécessaire ni les moyens d'accès aux réseaux de commercialisation, sont incapables de lutter contre un tel système de production. Une option leur est ouverte et leur permet au moins de survivre : devenir éleveur sous contrat, même si cela signifie qu'ils seront mal payés, qu'ils supporteront des risques élevés et qu'ils s'exposent à se laisser enfermer dans une sorte de servage moderne. (cf. Seedling Jan. 2008, "Contract farming in the world's poultry industry").

En même temps, cette concentration des entreprises sur quelques races seulement signifie que les populations d'animaux à haut rendement sont devenues génétiquement très similaires. Les généticiens des populations maintiennent que pour éviter la consanguinité et maintenir la diversité génétique, il faut, pour chaque race, cent individus qui ne soient pas apparentés. Pourtant, pour de nombreuses races industrielles de bétail et de cochons, ce qu'on appelle la « taille effective de la population » a atteint des niveaux dangereusement bas. Prenons la production porcine : environ 42% de la production mondiale de porcs est industrielle et utilise cinq races dominantes : le Large White, le Duroc, le Landrace, le Hampshire et le piétrain). Selon la FAO (l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), 66% des mères des porcs européens en engraissement sont des croisements de Large White et de Landrace. Aux États-Unis, la « taille effective de la population » n'est plus que de 74 pour les Hampshire et 61 pour les Duroc.

La situation n'est guère différente dans le domaine de la production du bétail. Près des deux-tiers du lait dans le monde proviennent de races à haut rendement. La sélection constante pour obtenir des traits désirables (quantité de lait, taux de matières grasses, gain de poids et assimilation des aliments) a provoqué un rétrécissement génétique excessif : Bien qu'il y ait eu 3,7 millions de vaches Holstein à produire du lait aux États-Unis en 2004, la population « effective » n'était en fait que de 60 animaux. La véritable diversité dans les élevages de volailles n'est pas connue, les sélectionneurs n'étant pas obligés de révéler les informations génétiques qui sont considérées comme secret commercial. La FAO pense que la plupart des souches commerciales sont issues de quatre races.

La sélection intensive pour obtenir des traits désirables est à l'origine des problèmes en cascade qui affectent bien des filières industrielles de sélection de bovins, de porcins et de volailles. Tandis qu'on sélectionne en vue d'une meilleure productivité, d'autres traits, tels la vitalité ou la fertilité, sont perdus. Ainsi, des dindes à large poitrine ont été développées pour fournir les filets et escalopes réclamés par les supermarchés. Pour cette raison, elles sont incapables de s'accoupler naturellement et on doit avoir recours à l'insémination artificielle. Leur poids excessif provoque aussi des problèmes squelettiques. Pour contrer ce problème, les sélectionneurs ont choisi des traits destinés à améliorer la résistance à la marche et la force des pattes, en oubliant que ces traits étaient liés à d'autres caractéristiques, comme la combativité. Ces dindes sont maintenant devenues beaucoup trop agressives pour l'environnement confiné dans lequel elles sont élevées.

Parmi les autres problèmes engendrés, la vulnérabilité croissante aux maladies est particulièrement inquiétante. Ce n'est pas vraiment surprenant, si l'on songe que non seulement la résistance à la maladie en tant que trait a été négligée dans la sélection intensive, mais aussi que des milliers d'animaux très similaires d'un point de vue génétique sont élevés dans des conditions de très grande promiscuité. On estime que 10 à 15% des bénéfices de la production de volailles sont perdus à cause des maladies. Les espèces locales et les parents sauvages, on le sait, sont porteurs de certaines maladies, sans toutefois en être affectés. Aussi les réglementations comme l'abattage forcé, qui ont été mises en place pour protéger la production animale industrielle, constituent-elles une vraie forme de discrimination envers les espèces locales. Des fonds publics considérables sont requis pour contrôler les maladies, sans parler des assurances que les éleveurs de certains pays sont maintenant tenus de payer.

Tandis que la production industrielle, avec son choix limité de races, se répand de par le monde, les races locales, elles, sont en train de disparaítre. Sur les 8 000 races documentées par la FAO, on estime qu'une disparaít chaque mois, alors qu'il n'en disparaissait qu'une par an au siècle dernier. Déjà 20% des races sont menacées. Très peu de travail de développement a été accompli au cours des dernières décennies concernant les races du Sud. Celles-ci ont souvent été croisées avec des races du Nord, sans essayer de sauvegarder des lignées pures.

De sérieux problèmes environnementaux sont apparus, tels la contamination de l'eau et du sol, et les coûts de transport de vastes quantités d'alimentation animale sur de longues distances. On entend souvent l'argument selon lequel l'élevage industriel permet de sauvegarder la forêt tropicale, parce que ces animaux ont une capacité accrue d'assimilation des aliments, ce qui signifierait que la production de chaque unité de viande a nécessité une moindre quantité d'alimentation. Mais il est facile de réfuter cet argument : Les systèmes de production locale s'appuient sur une alimentation locale et utilisent rarement les concentrés importés, qui sont souvent à base de soja ; or c'est la culture de ce soja qui provoque la destruction de la forêt tropicale, en particulier dans le bassin de l'Amazone. Qui plus est, les espèces locales ont de multiples avantages, fournissant ainsi fumier et moyen de transport et servant de « banques à sabots » (un terme inventé par l'ONG indienne ANTHRA). Ces races sont également capables de s'adapter à leur environnement et contribuent même à sa durabilité.

Encadré no3 : La transformation de la pampa

La pampa, prairie humide du Nord de l'Argentine, a été le site de l'une des plus dramatiques transformations d'un paysage par des plantes allogènes introduites par les animaux. Cette histoire a été documentée très tôt. Dans son Origine des espèces (1872), Darwin remarquait en effet que « le cardon européen et un grand chardon sont maintenant les [plantes] les plus communes sur toute la plaine de La Plata, recouvrant des lieues de surface, à l'exclusion quasiment de toute autre plante. » Même en Uruguay, il trouva « des surfaces de plusieurs milles couvertes d'une masse de ces plantes piquantes que ni homme ni bête ne peut pénétrer. Dans ces plaines vallonnées, là où pousse ce vaste couvert végétal, rien d'autre ne peut vivre. » Ces paysages étaient probablement apparus en moins de 75 ans.

En 1868, Von Schuldi pensait que le cardon était arrivé en Argentine dans la peau d'un áne. De nombreuses espèces botaniques immigrantes sont sans doute arrivées autrefois avec les animaux d'élevage et pendant 250 ans, ces plaines furent utilisées comme pátures, mais jamais labourées de façon extensive. Le cardon et le chardon ne furent finalement maítrisés que par les labourages extensifs de la pampa à la fin du dix-neuvième siècle.

Cependant, ce n'était pas, loin s'en faut, la fin des invasions de plantes liées à l'élevage. La transformation de la pampa en terre agricole fut menée par des paysans immigrants qu'on encouragea à faire pousser de la luzerne pour pouvoir élever encore plus d'animaux. Cette transformation a grandement accru les possibilités pour les plantes allogènes de s'introduire sur ces nouveaux terrains et de s'y établir. Vers la fin du dix-neuvième siècle, plus de 100 plantes vasculaires étaient listées comme non-natives près de Buenos Aires et en Patagonie. Marzocca (1984) fait une liste de dizaines de plantes allogènes qui sont officiellement considérées comme des « plaies de l'agriculture » en Argentine.

Tandis que la transformation massive de la végétation argentine se poursuit, la mondialisation du secteur de l'élevage a provoqué récemment une autre révolution dans la pampa. En quelques années seulement, le soja est devenu la culture majeure du pays. En 1996, un soja génétiquement modifié avec un gène qui lui permettait de résister aux herbicides a été introduit en Argentine. A l'arrivée de ce soja GM, le soja couvrait six millions d'hectares ; il en couvre actuellement 15,2 millions, plus de la moitié des terres arables de l'Argentine. Les effets du taux de déforestation actuelle excèdent ceux des premières vagues d'expansion agricole (ce qu'on a appelé les « fièvres » du coton et de la canne à sucre). En même temps, la culture intensive du soja provoque une réduction sévère de la fertilité du sol. Altieri et Pengue estimaient qu'en 2003 la culture du soja avait prélevé dans le sol argentin un million de tonnes d'azote et environ 227 000 tonnes de phosphore, l'équivalent d'une valeur de 910 millions de dollars US, si ces éléments devaient être remplacés par des engrais minéraux.

* Extrait édité par l'auteur, tiré de Livestock's Long Shadow, - Environmental Issues and Options, FAO, Rome 2006, p.201.

Conclusions

Au cours des dernières années, l'industrie de l'élevage a été affectée par une énorme vague de concentration, et le clonage, le transfert de gènes et autres technologies émergentes, en particulier l'évolution des droits de propriétés, vont probablement encore accélérer cette concentration. Ces développements ne vont pas dans l'intérêt du public et ne feront qu'exacerber les problèmes associés aux races à haute performance, à la production industrielle et aux vastes sommes d'argent public dépensées pour combattre les maladies animales, et aggraver la pollution de l'environnement, les maladies humaines liées au régime alimentaire et la question du bien-être animal.

Quelques solutions

Aborder de façon nouvelle le problème de la sélection animale : Le rétrécissement toujours plus évident de la base génétique du petit nombre d'espèces industrielles est un danger dont on est conscient depuis des années. Mais ce n'est que maintenant qu'on commence à s'en préoccuper. Au lieu de faire semblant de soutenir le principe de durabilité dans les discours publics, les pays et les entreprises doivent absolument revoir fondamentalement leur approche de la sélection.

Internaliser les coûts cachés de l'élevage industriel : l'élevage industriel impressionne avec ses hauts rendements et ses taux sans cesse améliorés d'assimilation des aliments. Cependant, sa rentabilité prend un tout autre aspect si l'on inclut dans l'équation les coûts publics. Bien que la viande, les œufs et les produits laitiers soient bon marché, la société se doit de prendre également en compte les coûts cachés :

• Traitement des déchets de la production animale pour en débarrasser l'environnement (eau, sol et air).

• Traitement des maladies humaines causées par la surconsommation des produits de l'élevage. Même les pays en développement ont atteint le niveau des recommandations journalières de protéines animales. Dans le Nord, on consomme environ trois fois plus de ces protéines qu'il n'est conseillé.

• Contention de l'expansion des zoonoses dont la virulence augmente quand elles traversent des élevages densément peuplés d'animaux génétiquement similaires.

• Mise en place de programmes de conservation ex situ et in situ pour maintenir la diversité génétique.

Réallouer les fonds de recherche de la production industrielle vers la sélection durable : Les aides pour la sélection traditionnelle ont quasiment disparu et presque tous les fonds de recherche sont aujourd'hui consacrés aux « Sciences de la vie » , c'est-à-dire au génie génétique. En d'autres termes, la plus grande part de la recherche financée par les fonds publics est menée précisément par l'industrie qui en tire ses profits. Comble d'ironie, c'est aussi l'industrie de la génétique de l'élevage qui prépare les critères des bourses de recherche, c'est-à-dire les programmes selon lesquels seront choisis les projets de recherche qui obtiendront des fonds…

Refuser le brevetage d'animaux ou de gènes : Au cours de l'Histoire, les éleveurs ont toujours tiré profit de l'échange d'animaux. Le brevetage de gènes et de traits ne peut que perturber ces échanges, faire obstacle à la sélection et à la recherche et augmenter la concentration des multinationales, au détriment des paysans et des consommateurs.

Abolir les subventions destinées à la production animale industrielle : Depuis environ cinquante ans, des subventions nationales, des exemptions fiscales, des projets de développement et d'autres formes d'aide ont servi à établir les races industrielles partout dans le monde. Les systèmes de production locaux ont été désavantagés.

Choisir d'investir dans l'élevage local : Dans le Sud, on a très peu fait pour développer les espèces, car on pensait que l'utilisation des espèces importées amèneraient des résultats plus rapides. Ces résultats visaient essentiellement les performances d'animaux individuels. Il est important de procéder à de nouveaux investissements, en se focalisant cette fois non plus sur des performances individuelles, mais sur des objectifs qui tiennent compte des fermes familiales, des communautés et de l'environnement.

S'attaquer à la libéralisation du commerce et à la concentration de l'industrie comme étant les cause principales de la perte de diversité des races : L'importation de produits animaux bon marché (parce que généralement subventionnés) dans un pays en développement à la suite d'un traité de libre-échange signifie très souvent que les produits locaux ne peuvent pas rivaliser et que les espèces locales sont éliminées en quelques années. Ceci est une des raisons majeures de la disparition des espèces et ce problème demande qu'on s'y attaque de toute urgence.


Susanne Gura a conseillé la Ligue des peuples pastoraux (LPP) dans sa préparation de la conférence de la FAO à Interlaken en 2007. Elle est l'auteur d'une étude « Livestock Genetics Companies » (Les entreprises de la génétique de l'élevage) pour Greenpeace Germany. Cf. www.pastoralpeoples.org (aussi en espagnol). Elle publiera sous peu une étude sur l'impact de l'élevage industriel sur les petits exploitants des pays en développement.

Author: Par Susanne Gura
Links in this article:
  • [1] http://www.greenpeace.org/international/news/monsanto-pig-patent-111
  • [2] http://www.pastoralpeoples.org