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La Journée internationale des vendeurs de rue et la nécessité de lutter collectivement

by GRAIN | 4 Dec 2020
Bulletin des supermarchés d'Asie #20 - Novembre 2020


Éditorial

La Journée internationale des vendeurs de rue et la nécessité de lutter collectivement

Voici la 20ème édition de notre bulletin trimestriel de veille des supermarchés d'Asie, 5 ans après l'avoir lancé, et il continue à bien marcher! Merci à toutes celles et ceux qui y ont contribué, et qui ont soutenu ce bulletin.

C'est une belle occasion, étant donné que nous célébrons la Journée internationale des vendeurs de rue le 14 novembre – une journée pour appeler à reconnaître la contribution des vendeurs de rue à nos systèmes alimentaires et à nos vies, et pour sensibiliser sur les importants défis auxquels ils font face.

La Journée internationale des vendeurs de rue a été lancée en 2012 par StreetNet International, qui soutient l'organisation des vendeurs de rue à travers le monde pour répondre à leurs besoins et défis communs. Ceci est particulièrement important, car un haut pourcentage des vendeurs de rue et de marché continuent à subir quotidiennement persécutions et violences sur leurs lieux de travail.

Shaktiman Gosh, de la Fédération nationale indienne des colporteurs, a déclaré une fois que les colporteurs ou vendeurs de rue parcouraient le dernier kilomètre entre les paysans et petits producteurs et les consommateurs des classes moyennes et travailleuses. Mais ce rôle vital, joué par les vendeurs de rue, est souvent ignoré, voir criminalisé dans certains endroits. Ils sont souvent privés de revenus décents, n'ont pas de filet de sécurité et ne sont généralement pas organisés, ce qui fait qu'il est difficile pour eux de s'exprimer et de gagner leurs revendications collectives.

Crédit photo : via lbpost.com


Cette année, la pandémie de Covid-19 rend cette Journée internationale encore plus cruciale, comme moyen de promouvoir la solidarité envers les vendeurs de rue et les autres commerçants informels. Alors que les marchés à ciel ouvert et la rue sont les endroits où la majorité des gens achètent leur nourriture, les fermetures gouvernementales pour empêcher la propagation du coronavirus ont mis au chômage technique des millions de vendeurs de rue, de Manille à Mumbai, et sans aucune protection sociale.

En cette Journée internationale des vendeurs de rue, nous sommes en solidarité avec la lutte collective pour la création d'espaces publics et de conditions qui soutiennent convenablement les vendeurs de rue. Ils travaillent dur juste pour gagner leur vie, tout en garantissant que la nourriture et les autres produits de la ferme soient rendus accessibles même au consommateurs les plus pauvres. La vente de rue n'est pas un crime!

Pour en savoir plus : La lutte collective, une nouvelle série d'articles de StreetNet International qui veut partager et mettre en valeur les différentes façons dont les vendeurs de rue, colporteurs, commerçants transfrontaliers et autres travailleurs de l'économie informelle se sont réunis pour mettre en oeuvre le changement et se battre pour leurs droits.

Crédit image du haut : Fédération internationale des travailleurs domestiques (IDWF)



Dans la région

Rachat CP – Tesco : L'autorité thaïlandaise de régulation des monopoles place les intérêts privés au-dessus des intérêts publics


Suite à l'approbation, au cours de la première semaine de novembre, de l'acquisition par le conglomérat alimentaire Charoen Pokphand Group de la chaîne de supermarchés Tesco Lotus, la part de marché du Groupe CP dans le commerce de détail moderne a bondi de 52 % à 69,3 %.

En approuvant le rachat, l'Office thaïlandais de la commission de la concurrence (OTCC) a fait valoir que la transaction ne correspondait pas à sa définition d'un monopole.

L'OTCC ne prend apparemment pas en considération l'impact de cette action sur les exploitants de petites entreprises et sur les consommateurs. Les petits marchands, qui sont les fournisseurs de la chaîne, vont être mis sous pression pour vendre leurs produits à des prix plus bas, et les consommateurs vont faire face à des choix réduits ou payer des prix plus élevés.

L'OTCC peut mieux faire

En 2015, le détaillant allemand Kaiser's Tengelmann a vendu son entreprise, représentant 1,1 % de parts de marché, à Edeka, faisant ainsi augmenter les parts de marché de cette société de 24,9 % à 26 %. Cependant, cela n'a pas plu au Bundeskartellamt, l'agence allemande en charge de la supervision de la concurrence, qui a fait suspendre la vente.

Dans un rapport, le Bundeskartellamt a déclaré que l'accord aurait considérablement affecté les entreprises de petite taille et les consommateurs. L'agence a soutenu que, dans certaines régions d'Allemagne, comme Berlin, Munich, et quelques villes de Bavière du Nord et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où Kaiser possède entre 10% et 30% des parts de marché, l'acquisition compromettrait l'efficacité concurrentielle au sein du marché de la vente au détail.

Y a-t-il une leçon à tirer pour le régulateur thaïlandais des monopoles?

C'est d'ailleurs la deuxième fois que l'OTCC n'a pas su exercer son autorité pour protéger les consommateurs. En 2012, le régulateur des monopoles a autorisé CP Group à reprendre Siam Makro, une chaîne dominante de vente en gros en libre service.

Ce que l'OTCC aurait pu faire est de prendre exemple sur les autorités anti-monopoles allemandes et refuser l'accord CP – Tesco Lotus. Mais, maintenant que l'affaire est conclue, ce qu'il devrait faire, c'est ordonner à CP Group de vendre une partie de ses activités, afin de réduire son pouvoir monopolistique sur le marché thaïlandais.

L'OTCC peut agir comme un protecteur de l'intérêt public, ou on s'en souviendra à jamais comme une agence publique servant les intérêts d'un monopole privé au détriment du public.

Article de Bio Thai
Pour plus d'informations
Witoon Lianchamroon
E-Mail : [email protected]



Author: GRAIN
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