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Déclaration : Non aux abus faits aux femmes dans les plantations industrielles de palmier à huile

by Organisations de la société civile | 21 Sep 2018

 

« Hier est passé, vivre aujourd’hui sagement et, puisque demain ne peut être assuré,
la lutte commence maintenant… »
Hajaratu Abdulahi de Nigeria

Non aux abus faits aux femmes dans les plantations industrielles de palmier à huile

Décidé à Mundemba, au Cameroun, réitéré à Port Loko, Sierra Leone, et nous réaffirmons à Abidjan, Cote d’Ivoire: STOP aux abus faits aux femmes dans les plantations industrielles de palmier à huile !

Nous, organisations communautaires, nationales et internationales engagées dans la lutte pour la défense des droits des femmes dans les communautés rurales en Afrique occidentale et centrale, signataires de cette déclaration, réunies au CERAO à Abidjan du 10 au 14 août 2018.

Après notre visite de terrain au village de Tiegba, dans la sous-préfecture de Guitry, et avoir écouté des histoires et des expériences vécues au quotidien par les femmes riveraines des plantations industrielles de palmiers à huile dans les différents pays africains, nous femmes, nous venons dénoncer et briser le silence sur les diverses formes de violations et abus faits aux femmes dans et autour des plantations industrielles.

Nous avons écouté les témoignages douloureux de femmes:

  • qui, rien que pour avoir ramassé quelques noix de palme dans les plantations, se retrouvent en prison;
  • pour qui le néo-colonialisme persiste sous la forme de plantations industrielles ou de coutumes qui empêchent les femmes d’accéder de manière égale à la terre familiale;
  • qui souffrent des couvre-feux imposés par les sociétés de plantation de palmiers à huile qui limitant la liberté de mouvement et pour ce fait, nos sœurs ont perdu leurs bébés parce qu’elles n’avaient pas eu accès aux soins de santé primaires après le couvre-feu;
  • qui ne peuvent pas dénoncer les cas de violence et d’abus qui ont lieu dans et autour des plantations industrielles ou même sous leurs propres toits conjugaux.

Nous avons également écoutés des témoignages sur les accords signés entre des planteurs de palmiers à huile et des sociétés de palmier à d’huile qui sont erronées et qui assurent tous les avantages aux sociétés.

Nous vous rappelons encore que les femmes sur le continent africain et, dans le reste du monde, sont les conservatrices des semences paysannes et de la diversité des pratiques agricoles, mères nourricières de leur famille, et ce sont les femmes qui sont toujours à l’avant-garde dans la lutte contre la pauvreté, grâce à leurs multiples interventions, notamment dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation.

La promotion délibérée des monocultures et des politiques foncières qui n’impliquent pas suffisamment les femmes favorisent l’accaparement des terres au profit des capitalistes et privent les femmes riveraines de leurs responsabilités de prendre soin de leur famille et de la terre pour répondre aux besoins de leur famille.

Les monocultures détruisent la fertilité du sol, compromettent la biodiversité, polluent les sources d’eau, conduit à la perte des connaissances traditionnelles, des pratiques culturales et agricoles et déciment les produits forestiers non ligneux qui constituent une source importante de revenus pour les femmes. Les plantations industrielles ne peuvent jamais remplacer les forêts ni nourrir les familles comme le font les femmes avec leur agriculture familiale; en fait, elles constituent une menace pour la souveraineté alimentaire des communautés rurales.

Nous constations également que ces monocultures industrielles, en particulier les plantations industrielles du palmier à huile:

  • plongent les femmes riveraines aux plantations industrielles dans une pauvreté profonde;
  • poussent des communautés, et des femmes en particulier, à se soumettre au néocolonialisme des plantations industrielles des grandes entreprises de palmier à huile;
  • sont à la base de disparition de pratiques culturales et culturelles du palmier à huile traditionnel qui a des vertus très variées (médicinale, nutritionnelle, culturelles, cultuelles), offre une indépendance économique aux femmes et est valorisé par les femmes pour sa contribution au bien-être de la famille et de leurs communautés.

Nous demandons:

  • que l’expansion des plantations industrielles stoppe ;
  • que les hommes et les femmes aient accès égal à leurs terres pour cultiver et récolter ;
  • que les négociations sur l’acquisition de terres soient inclusives, transparentes et impliquent directement les communautés en générale et particulièrement les femmes, dans les décisions prises qui affectent leurs terres ;
  • la prise en considération de toute indice dénonçant les cas de viol et d’autres formes d’abus contre des femmes dans et autour des plantations industrielles ;
  • la promotion de l’agriculture familiale durable, protectrice des écosystèmes et génératrices des revenues aux femmes dans les communautés paysannes ;
  • que les générations futures héritent d’un continent fertile, sain et diversifié dont nous sommes fières.

Assez c’est assez. Nous ne pouvons plus nous permettre d’être prisonniers sur notre propre terre. Nous sommes disponibles et capables de défendre la cause qui nous permet de récupérer nos terres et de protéger notre biodiversité.

Femmes, femmes, femmes! Pouvoir, pouvoir, pouvoir!

Women, women, women! Power, power, power!

Abidjan, le 14 août 2018

Signé par :

– Jeunes Volontaires pour l’Environnement Côte d’Ivoire

– Jeunes Volontaires pour l’Environnement Ghana

– Synaparcam (Synergie Nationale des Paysans Et Riverains du Cameroun) – Cameroun

– Réseau des acteurs du Développement Durable – RADD (Cameroun)

– RIAO – RDC

– CDHD – Congo

– CAMESP – Liberia

– Reseau des femmes braves – Côte d’Ivoire

– Muyissi Environnment – Gabon

– COPACO-PRP (Confédération Paysanne du Congo-Principal Regroupement des Paysans) – RDC

– CNOP (Concertation Nationale des Organisation Paysanne et Producteur Agricole du Congo) – Congo

– ADAPPE Guinée (Association pour le développement et la protection de l’environnement en Guinée)

– Maloa Association – Sierra Leona

– Culture Radio – Sierra Leona

– Community Forest Watch – Nigeria

– Yethio Community – Côte d’Ivoire

– COFESATSA – Côte d’Ivoire

– ERA (Environmental Rights Action) – Nigeria

– NRWP (Natural Resources Women Platform) – Liberia

– GRAIN

– WRM

Source : Mouvement mondial pour les forêts tropicales

Author: Organisations de la société civile
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