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Les nouvelles frontières du palmier à huile

by GRAIN | 17 Sep 2014

En Amérique

On n'associe pas spontanément l'huile de palme à la cuisine mexicaine. Mais, si vous allez dans n'importe quel supermarché du pays, vous trouverez de nombreux produits qui en contiennent. Le système alimentaire du pays a énormément changé depuis que l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est entré en vigueur en 1994, et des sociétés multinationales sont venues s'installer pour prendre le contrôle de l'approvisionnement alimentaire du pays. Le taux alarmant de l'obésité, maintenant plus élevé que celui des États-Unis, est une manifestation de ce changement du paysage alimentaire au Mexique. Le lien avec l’augmentation de la consommation d’huile de palme est évident.

La consommation d'huile de palme a augmenté de plus de quatre fois depuis que l'ALENA a été signé, et elle représente désormais un quart de l'huile végétale consommée par le Mexicain moyen, contre 10 % en 1996. D'autres pays latino-américains qui subissent des changements similaires de leurs systèmes alimentaires, ont également augmenté leur consommation d'huile de palme. Les Vénézuéliens ont doublé leur consommation, et les Brésiliens en consomment 5 fois plus qu'en 1996.

Cette augmentation de la consommation est compensée par une augmentation de la production, pas au Mexique, mais dans les pays où l'huile de palme peut être produite à meilleur marché. Un tiers des exportations d'huile de palme d'Amérique latine sont maintenant à destination du Mexique.

La Colombie, avec environ 450 000 ha en production, est le plus grand producteur d'huile de palme des Amériques. La production a décollé depuis la fin des années 1990, pour plusieurs raisons, notamment des incitations fiscales de la part gouvernement et un quota national sur le biodiesel. L'usage de l'huile de palme comme substitut de la coca a été encouragé aussi dans le cadre du "Plan Colombie", un programme soutenu par les États-Unis qui a pour but de mettre fin au conflit armé qui déchire le pays depuis si longtemps et de réduire la production de cocaïne. Paradoxalement, l'huile de palme se révèle un moyen très utile pour les cartels de la drogue, les paramilitaires et les grands propriétaires terriens pour blanchir leur argent et garder le contrôle des zones rurales.

Militaires sur un plantation de palmier à huile, à Chocó, Colombie. (Photo : Simon Bruno) Les accaparements de terres les plus connus destinés à l'huile de palme en Colombie ont eu lieu dans la province nord-ouest du Chocó, où des hommes d'affaires et des paramilitaires ont agi de connivence pour forcer les communautés afro-colombiennes à céder leurs territoires pour des plantations d'huile de palme et de l'agriculture contractuelle. Après le meurtre de dizaines de dirigeants afro-colombiens pendant la résistance à ces accaparements de terres, le Bureau du Procureur général de la Colombie a inculpé 19 hommes d'affaires de l'industrie de l'huile de palme pour des délits de complot, de déplacement forcés, et d'intrusion dans des terres écologiquement importantes. Jusqu'à présent, trois de ces hommes d'affaires ont été condamnés.

Des épidémies ont limité l'expansion de la culture d'huile de palme dans la province du Chocó, et la plus grande partie de l'expansion s'est faite aux dépens des pâturages des régions centrales et orientales du pays, dans lesquelles, selon l'industrie de l'huile de palme, il y aurait peu de déforestation et de déplacements de paysans, selon l'industrie de l'huile de palme. Mais les études montrent que ces pâturages sont en fait généralement des zones communes vitales pour les paysans qui les utilisent pour leurs cultures vivrières et le pâturage de leur bétail. Les « pâturages » sont souvent les seules terres auxquelles les paysans ont accès, et les entreprises d'huile de palme utilisent couramment la force et la coercition, y compris via des paramilitaires, pour leur ravir le contrôle de ces terres ou les contraindre à des accords de production sous contrat abusifs. Dans toute la Colombie, l'expansion de l'huile de palme et la présence de groupes paramilitaires sont étroitement liées.

L'Équateur, le deuxième producteur d'huile de palme de l'Amérique latine, a également connu une expansion récente de la production d'huile de palme. Alors qu'une grande partie de son huile de palme est produite dans des exploitations de moins de 50 ha, la nouvelle expansion est le fait d'entreprises privées qui sont venues s'installer dans les territoires des Afro-Équatoriens et d'autres peuples autochtones dans la partie septentrionale du pays. Ceci a entraîné une grave déforestation, des déplacements forcés et une farouche résistance locale.

Des conflits fonciers liés à l'huile de palme surgissent également en Amérique centrale. Au Honduras, des paysans de la vallée de l'Aguán ont été tués, emprisonnés et terrorisés pour avoir essayé de défendre leurs terres et les petites exploitations d'huile de palme contre de puissants hommes d'affaires nationaux, qui les ont dépossédés de leurs terres pour étendre leurs plantations de palmier à huile, avec le soutien de capitaux étrangers. Ironie du sort, ces familles paysannes étaient arrivées dans ces forêts de l'Aguán dans les années 1970, dans le cadre d'un programme de réforme agraire du gouvernement, et elles avaient été encouragées à cultiver le palmier à huile et à créer leurs propres coopératives. Les politiques néolibérales des années 1990, et un coup d'État en 2009, ont ouvert la porte à d’influents hommes d’affaires honduriens comme Miguel Facussé, pour détruire les coopératives paysannes, s'emparer des terres par la violence pour créer des plantations, et réorienter la filière vers les exportations destinées aux agrocarburants et aux multinationales de l'agroalimentaire. De la même manière, au Guatemala, où la production d'huile de palme a quadruplé au cours de la dernière décennie, ce secteur est maintenant entièrement contrôlé par seulement huit familles riches qui se sont brutalement approprié les terres de communautés autochtones, comme les Q'eqchi.

Certains connaisseurs du secteur prédisent que l'expansion de la production d'huile de palme au Brésil va bientôt éclipser celle de tous les autres pays de la région. Le Brésil est un importateur net, et la production a jusqu'ici été confinée à une petite zone du Pará, dans le Nord. Mais, à la différence de ce qui se passe dans les autres pays producteurs d'huile de palme de la région, où la production est dominée par des entreprises nationales et des familles de propriétaires terriens riches, les multinationales ont récemment fait d'importants investissements dans la production brésilienne d'huile de palme, comme la compagnie minière Vale, les entreprises énergétiques comme Petrobras et Galp, et ADM, un des plus grands négociants en céréales du monde et l'un des principaux actionnaires du plus grand transformateur d'huile de palme au monde, Wilmar.

Pour aller plus loin :

Tanya M. Kerssen, « Grabbing Power : The New Struggles for Land, Food and Democracy in Northern Honduras », FoodFirst, 1 février 2013

Human Rights Everywhere, « The flow of palm oil Colombia- Belgium/Europe : A study from a human rights perspective », 2006

Papouasie (province de Papouasie - Indonésie, province de Papouasie occidentale - Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée – ASIE)

La Papouasie subit depuis longtemps les sordides méfaits de l'extraction des ressources naturelles par les sociétés minières et forestières.

Le gouvernement indonésien est passé en force avec un énorme projet de 2,5 millions d'hectares de plantations appelé le Merauke Integrated Food and Energy Estate) dans la province de Papouasie occidentale. (Photo : Reuters) En Papouasie-Nouvelle-Guinée, 5 millions d'hectares ont été donnés en bail à des entreprises pour des projets agricoles. Il y a huit ans, 97 % des terres du pays appartenaient à des propriétaires terriens traditionnels et des communautés locales ; les entreprises étrangères en contrôlent maintenant 12 %. Selon les termes de ces contrats, les entreprises sont censées mettre en place des projets agricoles, qui sont généralement des plantations de palmier à huile. Cependant, une étude de 2013 portant sur 36 baux destinés à des projets de palmier à huile correspondant à plus de 2 millions d'hectares, a constaté que les entreprises n'ont réellement les capacités et l'intention de développer des plantations de palmier à huile que dans cinq cas sur le total. La plupart n'étaient intéressés que par l'exploitation forestière.

La situation en Papouasie n'est pas si différente de celle d'autres régions du monde où des plantations de palmier à huile ont été créées. L'expansion du palmier à huile suit généralement la voie de l'exploitation forestière. Les entreprises forestières qui ont dévasté les forêts tropicales de Bornéo, comme Sinar Mas et Rimbunan Hijau, sont devenues des acteurs clés dans le secteur de l'huile de palme. Elles se tournent maintenant vers les forêts de la Papouasie en suivant le même modèle, tout comme une nouvelle vague d'entreprises qui s'intéressent plus à l'huile de palme, comme Wilmar, le Groupe Siva et Far East Holdings Berhad. Globalement, les entreprises d'huile de palme ont acquis plus de 2 millions d'hectares pour des plantations dans l'ensemble de la Papouasie.

Les gouvernements de Papouasie jouent un rôle actif en aidant ces entreprises à prendre possession des terres et à passer outre l'opposition locale. Les politiciens en Papouasie-Nouvelle-Guinée sont souvent financièrement impliqués dans les accords avec les entreprises d'huile de palme, et le consentement des communautés touchées par les achats de terres est rarement recherché ou accordé. En 2011, les protestations des populations ont forcé le gouvernement à créer une commission d'enquête sur l'octroi des baux fonciers. Dans son rapport au Parlement en septembre 2013, la commission a déclaré que le système de baux fonciers était « marqué par une corruption et une incurie choquantes. » Sur les 42 contrats examinés, seulement quatre avaient obtenu l'accord des propriétaires locaux et avaient des projets agricoles viables.

Le gouvernement indonésien est passé en force avec un énorme projet de 2,5 millions d'hectares de plantations appelé MIFEE (Merauke Integrated Food and Energy Estate) dans les territoires des communautés autochtones Malind de la province de Papouasie occidentale. En juillet 2013, une coalition de 27 organisations a soumis un mémoire au Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination raciale exhortant à des mesures urgentes pour protéger le peuple Malind contre le projet MIFEE. Le mémoire porte sur la façon dont le gouvernement indonésien et les entreprises étrangères et nationales collaborent pour persuader par la ruse les communautés Malind de céder de vastes étendues de leurs terres pour des plantations agricoles, en particulier pour l'huile de palme et la canne à sucre.

« Le consentement, lorsqu'il est recherché, est obtenu par la contrainte, la tromperie, la désinformation et la manipulation intentionnelle et la fragmentation des processus de décision collective et des institutions représentatives traditionnelles de la communauté », explique le mémoire. « Les conditions d'indemnisation sont imposées unilatéralement plutôt que négociées, et correspondent à des sommes inférieures à 0,86 USD par hectare, par an et par clan. Sans exception, les relations entre la société et les communautés ont lieu en présence constante des forces militaires et armées, si bien que la liberté d'expression est muselée et que les objections aux développements proposés sont étouffées. »

On estime que 2 à 4 millions de travailleurs devraient émigrer vers la région du fait du projet, ce qui risquerait de « submerger les populations Malind, évaluées à environ 52 000 personnes, et de renforcer les menaces pesant sur leurs droits et leur bien-être. »

Trente-trois permis d'utilisation des terres ont déjà été accordés pour des plantations de palmier à huile dans le cadre du projet MIFEE. Quatre entreprises détiennent à elles seules 25 de ces permis, qui représentent une superficie de 948 500 ha.

Trente-trois permis d’utilisation des terres ont déjà été accordés pour des plantations de palmier à huile dans le cadre du projet MIFEE. Quatre entreprises détiennent à elles seules 25 de  ces  permis,  qui  représentent  une   superficie   de 948 500 ha. Mais ce n’est que récemment que les entreprises se sont intéressées à l’agriculture dans la région, et il est dif- ficile de savoir dans quelle mesure cet intérêt est réel. Une grande partie des achats de terres destinées à l’huile de palme a été réalisée par les sociétés forestières qui sont principale- ment intéressées par l’abattage des arbres. Une fois qu’il n’y a plus d’arbres, ces sociétés risquent de plier bagages et d’aller ailleurs.

Pour aller plus loin :

Site de Awas MIFEE!

Oakland Institute, « On our land : Modern land grabs reversing independence in Papua New Guinea », novembre 2013

AGRA et PANAP, « Land Grabbing for Food and Biofuel (MIFEE Case Study) », 2012

Longgena Ginting et Oliver Pye, « Resisting Agribusiness Development : The Merauke Integrated Food and Energy Estate in West Papua, Indonesia », avril 2011

Bornéo (Kalimantan - Indonésie, Sabah - Malaisie, Sarawak - Malaisie)

Au cours de la dernière décennie, l'accaparement des terres pour la production d'huile de palme a été plus important sur l'île tropicale de Bornéo que partout ailleurs dans le monde. Entre 2000 et 2009, la superficie des plantations de palmier à huile à Bornéo a plus que doublé et est passée de 2,4 à 5,4 millions d'hectares.

Le Sabah et certaines zones du Kalimantan avaient déjà connu d'importantes vagues d'expansion du palmier à huile. Dans les années 1980 et 1990, de vastes zones de terres forestières dégradées ont été attribuées à des entreprises d'huile de palme de Malaisie péninsulaire par le gouvernement du Sabah. Dans le Kalimantan, dès les années 1970, le régime de Suharto a envoyé des millions de familles d'autres régions densément peuplées d'Indonésie pour défricher des terres forestières et cultiver le palmier à huile dans les territoires des peuples autochtones dans le cadre d'un programme national de distribution de terres.

La deuxième vague d'expansion du palmier à huile actuellement en cours à Bornéo continue de cibler les terres traditionnelles des peuples autochtones, qui représentent environ 40 % de la population de l'île. En 2012, 108 conflits fonciers ont été documentés entre les communautés locales et les entreprises d'huile de palme dans le seul Kalimantan (Indonésie), dont plus de 90 % qui impliquent des communautés autochtones.

Les travailleurs immigrés indonésiens représentent maintenant environ 80 % des ouvriers des plantations de palmier à huile du Sarawak. (Photo : Art Chen/The Star)) Le Premier ministre du Sarawak (Malaisie), Datuk Taib, qui est au pouvoir depuis plus de 30 ans, semble particulièrement empressé de livrer les terres de peuples autochtones aux grandes sociétés de plantations. Il a orchestré plusieurs modifications de la législation foncière dans les années 1990, qui ont permis aux entreprises d'acquérir les terres des peuples autochtones, et il a ouvert la porte aux entreprises pour leur permettre de faire venir des travailleurs d'Indonésie et de les payer moins que le salaire minimum. Les travailleurs immigrés indonésiens représentent maintenant environ 80 % des ouvriers des plantations de palmier à huile du Sarawak (et 90 % dans le Sabah en Malaisie). Dans ces conditions, la culture du palmier à huile a explosé et est passée d'une superficie de 55 000 ha seulement en 1990 à 1 164 386 ha en 2009. Et, par la même occasion, la famille de Taib et un petit cercle d'hommes d'affaires et de politiciens de son entourage ont utilisé des systèmes clandestins de pots de vin et des sociétés fictives qui leur ont rapporté des centaines de millions de dollars.

Les multinationales de l'huile de palme ont été étroitement associées à l'expansion du palmier à huile au Sarawak et dans d'autres régions de Bornéo. Sime Darby possède plus de 100 000 ha plantés de palmier à huile au Sabah et au Sarawak, et 45 des 71 plantations qu'il exploite en Indonésie se trouvent au Kalimantan. Wilmar, le plus grand opérateur mondial dans le secteur de l'huile de palme, dispose de plus de 160 000 ha de plantations dispersées dans toute l'île. Même le Tabung Haji, qui gère l'épargne des Malaisiens pour le pèlerinage à la Mecque, possède 24 plantations au Sarawak et au Sabah par le biais de sa filiale TH Plantations, ainsi que 42 000 ha dans le Kalimantan oriental et central, à travers une joint-venture avec Felda Global, le troisième propriétaire de plantations de palmier à huile au niveau mondial. TH Plantations a été mêlé à plusieurs conflits fonciers avec des peuples autochtones au Sarawak, notamment à Simunjan, avec une communauté Iban qui, après avoir échoué dans ses efforts pacifiques visant à empêcher l'entreprise d'occuper ses terres, a incendié 16 des tracteurs de cette dernière en 2012.

Certains des plus grands exploitants de plantations de palmier à huile à Bornéo sont des compagnies forestières qui se sont diversifiées dans l'huile de palme dans les années 1990, après avoir déboisé une grande partie des zones forestières les plus lucratives de l'île. Ces entreprises ont la possibilité d'utiliser les permis forestiers qu'elles ont obtenus pour créer des plantations de palmier à huile ou céder des terres à d'autres entreprises d'huile de palme. ‘‘ L’ONG internationale Les Amis de la Terre’’ estiment que les entreprises d'exploitation forestière au Sarawak, par exemple, ont acquis environ 280 000 ha de terres pour des plantations de palmier à huile par le biais de permis accordés pour des forêts plantées. Certaines des plus grandes sociétés d'exploitation forestière du Sarawak, tels que Samling et Rimbunan Hijau, sont en train de mettre en place des plantations à l'échelle mondiale dans le Bornéo indonésien, la Papouasie et même en Afrique.

Il existe actuellement aussi plusieurs grands projets soutenus par l'État qui introduiraient des capitaux privés dans des plantations de certaines zones du Bornéo qui n'ont pas encore été touchées par l'expansion du palmier à huile. Le plus grand projet de l'État est le « Kalimantan Border Oil Palm Mega Project », qui suppose la création de dix-huit plantations de 100 000 ha près de la frontière malaisienne.

Pour aller plus loin :

Site de WALHI Indonésie

Site Web du Rapport Sarawak

Site Web de Down to Earth Indonésie

Global Witness, « Inside Malaysia's shadow state (Film) », 2013

Amis de la Terre Europe, « Commodity Crimes : Illicit land grabs, illegal palm oil, and endangered orangutans », novembre 2013

Forest Peoples Programme, Sawit Watch et TUK Indonésie, « Conflict or Consent ? The oil palm sector at a crossroads », 2013

Author: GRAIN
Links in this article:
  • [1] https://www.foodfirst.org/en/Grabbing+Power
  • [2] http://www.cbc.collectifs.net/doc/informe_en_v3-1.pdf
  • [3] https://awasmifee.potager.org/
  • [4] http://www.oaklandinstitute.org/on-our-land-modern-land-grabs-reversing-independence-papua-new-guinea
  • [5] http://www.asianpeasant.org/content/land-grabbing-food-and-biofuel-mifee-case-study-agra-and-panap
  • [6] http://www.future-agricultures.org/conference-resources/doc_download/1408-resisting-agribusiness-development-the-merauke-integrated-food-and-energy-estate-
  • [7] http://www.walhi.or.id/
  • [8] http://www.sarawakreport.org/
  • [9] http://www.downtoearth-indonesia.org/theme/plantations
  • [10] http://www.globalwitness.org/insideshadowstate/
  • [11] https://www.foeeurope.org/sites/default/files/press_releases/commodity_crimes_nov13.pdf
  • [12] http://www.forestpeoples.org/conflictorconsent