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Quelle est la situation des Agrocarburants en Afrique de l'Ouest ? (2)

by Christophe GANDONOU | 15 Sep 2007

Quelle est la situation des Agrocarburants en Afrique de l’Ouest ?

Christophe GANDONOU - Groupe de Recherche Scientifique et Technique sur les Energies Renouvelables  (Suite et Fin)

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Un partenariat public-privé commence à s’installer dans le secteur

Dans la plupart des pays, même si l’initiative est prise par les autorités publiques, les sociétés privées et les Organisations Non-Gouvernementales (ONG) sont associées aux stratégies. Dans certains cas, ces privés ou ONG s’intéressent au secteur d’agrocarburant indépendamment des décisions publiques. C’est ainsi qu’au Bénin, les ONG- Jeunesse Sans Frontières-Bénin (JSF-Bénin), Africa Cultures et Goupe de Recherche Scientifique et Technique sur les Energies Renouvelables (GRSTER-ONG) ont commencé des activités de recherche ou de production sur le pourghère (Jatropha curcas). Au Ghana, c’est la société Anuanom Industrial Bio Products Ltd qui a été associée au développement d’agrocarburant. En Côte d’Ivoire, le gouvernement en donnant son accord de principe à M. David Meyers, président de la société "21st Century Energy" à travers le ministère de l'Agriculture a consacré l’établissement d’un partenariat secteur public-secteur privé.

Des organisations sous-régionales s’impliquent dans le développement d’agrocarburant

L’union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a élaboré un Programme Régional Biomasse Energie (PRBE). La mise en œuvre de ce programme devrait contribuer à l’élaboration d’une Politique Energétique Commune (PEC). Dans le cadre de ce programme, un atelier de validation de l’étude sur le développement de la filière Ethanol /Biocarburants dans l’espace UEMOA s’est tenu à Dakar du 20 au  22 novembre 2006. L’UEMOA et le FAGAS (Fonds Africain de Garantie et de Financement) sont impliqués dans la promotion et le développement de la filière d’agrocarburant en Afrique de l’Ouest. Au cours de cette rencontre, les opérateurs privés ont décidé de créer une association dénommée « Association Africaine des Producteurs de Biocarburants (AAPB) ». Cette association a pour objet de promouvoir la production et la commercialisation des agrocarburants en Afrique.

A la lumière de ce qui précède, il va de soi que la plupart de nos pays se préparent à adopter les agrocarburants comme source d’énergie alternative. La pertinence de ce choix n’est pas à démontrer si on s’en tient aux avantages potentiels de ces carburants. Toutefois, l’introduction de plantes alimentaires telles que le maïs, le manioc, le palmier à huile, etc. et l’affectation d’une bonne partie des terres fertiles aux cultures énergétiques pourraient entraver la sécurité alimentaire dans ces pays dont certains sont déjà confrontés au problème d’insuffisance alimentaire avec des produits alimentaires de plus en plus chers. Une réflexion profonde s’avère indispensable pour opérer des choix stratégiques qui garantissent la souveraineté alimentaire et le développement durable de nos pays.

A propos des plantes transgéniques et des agrocarburants

Le débat sur le développement des agrocarburants dans nos pays s’ouvre à un moment où celui relatif à l’introduction des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) dans l’agriculture a atteint son paroxysme avec une tendance générale au rejet dans plusieurs pays, surtout par les paysans et les communautés locales. Le développement des agrocarburants et l’offensive médiatique qui l’accompagne actuellement laisse penser que l’adoption de ces carburants agricoles constitue une solution à la cherté des carburants d’origine pétrolière et à la réduction de la pauvreté. Vu la réticence des populations à consommer les OGM, il y a lieu de penser que le développement des agrocarburants pourrait être la nouvelle porte d’entrée des OGM dans l’agriculture de nos pays.

Conclusion 

Le développement des agrocarburants intéresse la plupart des pays ouest-africains. Dans ces pays, les différents programmes de développement de ces carburants sont à leur début ou en cours d’élaboration. Un partenariat secteur public-secteur privé commence à se développer dans plusieurs pays, et l’implication d’organisme de coopération sous-régionale permet d’espérer un développement harmonieux d’un secteur qui présente des intérêts très importants pour le développement socio-économique et la protection de l’environnement dans ces pays.

Cependant, il est important de cibler des cultures qui contribuent à protéger l’environnement et qui n’hypothèquent pas la souveraineté alimentaire dans ces pays dont certains sont caractérisés par une production alimentaire insuffisante. A cet effet, le pourghère (Jatropha curcas), le ricin et la pomme d’anacarde apparaissent comme les cultures les plus prometteuses pour la production de biodiesel ou de bioéthanol.

Aujourd’hui, le pourghère (Jatropha curcas) est cultivé au Togo, au Ghana, au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire et au Niger. L’expérimentation a commencé au Bénin.


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Author: Christophe GANDONOU